Maquettes Ferroviaires
et Collections


La Saga Jouef


André Porte ; Poète, artiste et bâtisseur
Il laissera son empreinte dans nos paysages

Un duo typiquement français qui a fait le bonheur des amateurs au cours des années 60 ; la gare de Neuvy et la 140C Jouef. Cette gare et le village qu’elle dessert sont des créations d’André Porte.

Une gamme de bâtiment qui fait partie du patrimoine du modélisme Français


Pour constituer un village au sein de votre réseau en 1966, le modéliste n’avait guère de choix. Soit il utilisait la production allemande (Façon chalet Suisse) soit il le constituait avec les productions d’André Porte qui seront reprises en 1967 par Jouef pour une large diffusion. André porte aura créé deux gares élément essentiel, mais surtout, il aura animé les rues et les campagnes. Du Café de la Gare aux commerces, dont la fameuse Boucherie Sansos tirée des aventures de Tintin, en passant par l’agence de la Poste, dite Cerdon PTT et à l’église du village etc... Pas moins de 15 modèles de bâtiment verront le jour sous la marque André Porte de 1958 à 1966. Ensuite il travaillera pour le compte de Jouef en créant encore 10 autres bâtiments jusqu’en 1968 avant de changer d’activité. Ces modèles auront une longue descendance sous les marques Jouef , Lima ou MKD et plusieurs générations de modélistes les mettront en scène.

Un échantillon de la gamme d’André Porte. Débutée en 1958, elle s’est petit à petit complétée jusqu’à la reprise par Jouef en 1967, toujours dans un style très régionaliste, puis avec deux bâtiments à vocation ferroviaire que sont la gare de Neuvy et la maison de garde-barrière.

Les premières productions, avec du carton


La fin des années 50 marque la grande époque des kits de pièces en plastique permettant aux amateurs de construire eux même leurs modèles, mais aussi de baisser les coûts. Venues d’Amérique, via des marques comme Revell ou Linddberg, cette mode a déjà envahi les domaines des reproductions d’avions, de bateaux ou d’automobiles. En Europe, Heller ou Airfix prendront la relève. Dans le domaine du modélisme ferroviaire on est encore aux bâtiments ou aux gares construits en carton et/ou en bois et vendus « tout monté ». En France Cropsy est le spécialiste de ce mode de construction, mais il disparaitra au tout début des années 60, laissant un grand vide derrière lui. En Allemagne, c’est Faller le leader du domaine qui opère sa reconversion du bois + carton vers les kit plastique. André Porte, encouragé par son épouse Lore Porte a toujours eu envie de construire des reproductions de maison au style régional français. Il se rendra en Forêt Noire pour rencontrer les dirigeants de Faller, qui lui serviront de guide pour lancer ses propres fabrications.

Les quatre premiers modèles sortis en 1958/59 dans le premier type de boite de construction. Un slogan apparait sur toutes les boites du début « facile à construire ». Il disparaitra ensuite, certains kits faisant tout de même plus de 170 pièces.

Les premières productions André Porte sont construites avec des murs en carton spécial (sorte de carton bois). Le seul bâtiment qui présentera toujours ce mode de fabrication sera la maison provençale réf 104, qui ne sera jamais déclinée en version tout plastique. Il semblerait qu’au début de la production en 1958, la villa Landaise et la villa Bretonne possédaient également des murs en carton. Je n’en ai personnellement jamais vu. Le passage au tout plastique de ces deux modèles s’effectuant en 1959, à partir de la maison Solognote. André Porte rencontra Paul Lorry, un graveur parisien de talent qui l’amena à opter pour le tout plastique. Dès le départ, les toitures et les volets sont déjà dans ce matériau. Les premières productions possèdent un socle en isorel dur, plus tard, au début des années 60 les socles moulés en plastique seront généralisés. Les vitrages sont initialement en rhodoïd imprimés, ensuite, ils seront en plastique moulé avec un vitrage transparent additionnel possédant des rideaux colorés. Dès le début, tous les modèles sont livrables en kits, ou en boites grises « tout monté ».

Parmi les premières productions, la villa landaise Réf 101, possède un socle en isorel dur à droite. Plus tard, des socles moulés apparurent. A noter les deux types de boîtes. Celle de gauche, au cours de ses 50 années d’histoire, a été victime d’une souris commençant à ronger son couvercle (elle a dû se régaler).

Les vitrages sont initialement en rhodoïd imprimés à gauche, puis en plastique moulé à droite avec un vitrage transparent additionnel possédant toujours des rideaux colorés (c’est une marque de fabrique).

Le deuxième type de boite de construction de la villa Landaise présente cette belle illustration signée André Porte.

J’ai voulu relever le défi des illustrations qui caractérisent les boîtes d’André Porte. Le temps d’une photo j’ai voulu moi aussi mettre en scène ma Villa Landaise en bord d’Atlantique. Dans ce but, j’ai emprunté une des peintures de mon père en guise de fond de décor. J’ai utilisé de la végétation pouvant convenir : pins maritimes et cyprès. Devant la maison, le couple s’apprête à monter dans son cabriolet Facel III. La devise d’André Porte, que l’on retrouvait sur ses brochures, était « Qualité, style, goût et fini français », une devise qui s’applique totalement aux automobiles Facel Vega créées par Jean Daninos.

Autre mise en scène sur la même base du tableau, représentant le chemin de la plage de l’océan Atlantique desservi par les baladeuses du Decauville de Jouef.

Un modèle particulier dans les productions d’André Porte, sorti en 1958 ; le mas provençal Ref 104. Remarquez les parterres de lavande devant la maison de cette version vendue « toute construite ».

L’orage arrive, il est temps de rentrer le linge ! Dans l’arrière-pays provençal, le Mas est le siège d’une animation intense avec les enfants qui jouent avec l’oie, à la trottinette ou à arroser les plantes pendant que Mamie revient d’une course chez l’épicier à vélo. Le chat profite des derniers rayons de soleil depuis le toit. Notez le beau cabriolet Simca « plein ciel » qui, dans ce pays, mérite tout à fait son nom. Il manque juste le chant des grillons !

Construit avec des murs en carton et un toit plastique, ce modèle Réf 104 gardera ce mode de construction toute sa vie. Il sera aussi le seul absent lors de la reprise de la gamme parc Jouef. André Porte mettait un point d’honneur à ce que l’amateur n’ai aucune pièce à colorier. La mention « rien n’est à peindre, les pièces sont déjà en couleur » figurait dans ses catalogues. Ainsi un kit pouvait contenir des pièces allant jusque 12 couleurs différentes.

Troisième production dans l’ordre chronologique, sortie dès 1958, la Villa Bretonne Réf 102 qui évoluera avec le temps. Les maquettes sont livrées « à construire » (réf C sur les boites) ou tout montées comme au milieu. Les boites de construction sont livrées avec notice et une chenille pour la décoration.

On l’a vu, André Porte mettait en scène ses modèles dans des paysages variés. Ainsi, les couvercles des boites de construction de seconde génération, comme ici la villa bretonne, sont très attrayants.

Le plastique se généralise avec la maison Solognote de 1959

Le quatrième modèle sorti en 1959 sera la Maison Solognote Réf 103 avec ses variantes. Sur la photo, différentes versions et nuances, de toits et colombages. Une notice explique la décoration.

Peu encombrante, la maison solognote se fond dans le paysage en arrière-plan.

Sortie en 1959, la ferme du Val de Loire Réf 108 possède un socle en isorel à gauche puis un socle plastique à partir de 1963. Les modèles livrés montés, outre leur qualité de l’assemblage, possèdent une étiquette sous le socle parachevant l’œuvre (Uniquement pour les socles en isorel). Ils sont décorés (au début) utilisant une technique de l’époque pour reproduire la végétation consistant à mélanger de la sciure colorée à de la colle blanche ou de la colle à tapisserie. La glycine sur l’avant, est ainsi constituée.

Pour cette mise en scène de la ferme du Val de Loire en bord de rivière, j’ai utilisé des scénettes Preiser avec personnages en bois (le poulailler et la ménagère qui suspend son linge). L’ensemble est à nouveau placé devant un paysage de Cézanne. Rassurez-vous, ce n’est pas l’original, mais une reproduction peinte en 1988 par mon père.

Situation moins champêtre de la ferme du val de Loire, coincée entre route et voie ferrée !

Toujours en 1959 apparaissent trois petits bâtiments ; la Réf 105 le pavillon de jardin, la Réf 106, la cabane de chantier et la Réf 107 l’abri de voyageurs. A construire, ils sont livrés dans des petites boites rouges d’un dessin spécifique dans la production André Porte. Tout construit, ils utilisent de minuscules petites boites grises. Plus tard, les trois bâtiments seront regroupés au sein d’une seule et même boite, joliment décorée suivant la tradition du fabricant.

Les trois types de cabane réunis sur une même illustration pour la boite contenant l’ensemble des références groupées.

Les pages consacrées aux bâtiments André Porte dans le catalogue Baby Train de 1961. L’auberge normande et l’église sont annoncées. Le prix des modèles montés sont le double des modèles en kit soit environ 15 euros actuels pour la ferme Solognote, ce qui reste abordable compte tenu du temps de montage nécessaire.


Le catalogue André Porte de 1960 tient sur un seul feuillet. On y retrouve les premiers modèles. A cette époque, tous les socles sont encore en isorel. L’auberge Normande fait son apparition.

Un niveau de détail élevé pour l’auberge Normande

C’est en 1959 qu’elle apparait cette fameuse auberge Normande baptisée « auberge des trois canards ». Un très beau modèle référencé 109 et qui marque un tournant par son haut niveau de détail. L’illustration de la boite nous prouve une nouvelle fois les talents de peintre d’André Porte. Cette gravures illustrant la boite de construction composée par lui est tellement attrayante …..


…..que je n’ai pu m’empêcher de tenter de la reproduire via un petit diorama. L’auberge des trois canards côtoie la ferme solognote. Toutes les deux sont fleuries à souhait. Devant la façade de l’auberge, des glycines accueillent les clients.

En donnant plus de vie à la scène, ce paysage fleure bon le terroir français. Pas de doute : bocage, colombages, pommiers et vaches l’attestent, nous sommes bien en Normandie. La famille Martin sort du restaurant ce dimanche ensoleillé de Juillet 1963 et remonte dans sa magnifique Facel Vega HK 500 noire tandis que sur la départementale circulent Simca Aronde et Citroën DS 19.


On peut aussi imaginer qu’il y a une voie étroite qui passe devant l’auberge des trois canards….

…. Et que le trafic y est important. L’auberge est tellement réputée que ses clients viennent de Paris y déjeuner, et en Ferrari GTO s’il vous plait ! Plus modestement, la petite vapeur Orenstein & Koppel d’Egger-Bahn tracte un train de travaux.

André porte met l’église au milieu de son village


Le coté couleur du flyer qui tient lieu de catalogue 1960 illustre la nouvelle église de village Réf 110.

Après une cérémonie, le cortège va se former derrière le carrosse des mariés et il se compose de voitures que l’on aimerait avoir dans son garage.

L’église d’André Porte reproduit un modèle du XVII ième siècle existant à Isdes, localité proche de Cerdon où vivait André Porte. Admirez le coq doré servant de girouette au sommet du clocher. Cet édifice religieux scellera de nombreuses unions dans le monde miniature entre des personnages Preiser, Starlux ou autre Merten. Gros plan sur les mariés qui s’apprêtent à monter dans la calèche, pour rejoindre l’auberge des trois canards où doit se dérouler la noce. Admirez les beaux costumes des invités et les adorables demoiselles d’honneur. Derrière l’attelage ça va klaxonner dur, du pouet/pouet de la Citroën trèfle au klaxon italien de la R8 Gordini, cela promet des sonorités variées.

Pour ce village desservi par le Decauville, l’église fait face à la gare de Villeneuve, création d’André Porte, sortie sous l’ère Jouef, A droite, la face arrière de l’auberge des trois canards sert de ferme normande.

Chaumière et chapelle les nouveautés 1962

André Porte, pour 1962 nous emmène en Brière, région de Loire Atlantique où le vent souffle et le ciel est chargé sur la chaumière Brière Réf 111.

Une publicité pour les produits André Porte parue dans le RMF n°5 de mai 1962, présentant les nouveautés dans la collection « Maisons de France ».

En 1962 apparait aussi la chapelle Savoyarde Réf 112. Un petit modèle destiné à affirmer sur son réseau la ferveur catholique encore bien présente à cette époque. Cela se traduisait par des éléments de décors disparus du marché de nos jours, comme ici le chemin de croix ou la femme se recueillant devant la croix, datant des années 50 et qui étaient des productions allemandes de Preiser. Le prêtre lisant son bréviaire est, quant à lui, une figurine de la gamme française Starlux.

Contrairement aux kits, les modèles montés d’André Porte sont livrés en boîtes grises plus austères.

La gare de Neuvy de 1963 ; le chef d’œuvre

La plus belle création d’André Porte fut sans aucun doute la gare de Neuvy Réf 122, sortie en 1963.

Comme de coutume, une belle gravure illustre le couvercle de la boite. Dans le fond on retrouve bien entendu d’autres modèles André Porte comme l’église de village, la chaumière en Bière avec son toit de chaume ou la ferme du val de Loire. Curieusement, la locomotive à vapeur sur la droite est d’un style très germanique. Il manquera toujours à cette gare des quais, un abri assorti et un hall à marchandises. C’était dans les projets d’André Porte, projet que la reprise par Jouef ne lui a pas permis de réaliser.

La gare en situation dessert à l’arrière-plan un village 100% créé ensuite par André Porte. Cette gare est une copie conforme du bâtiment voyageur PLM de Neuvy-sur-Loire dans la Nièvre sur la ligne de Gien à Cônes-sur-Loire. Comme c’est l’habitude de cette époque, son échelle de reproduction est le 1/100ième.

La gare côté village. Cette scène évoque la joyeuse insouciance de nos campagnes à l’arrivée du train. Les femmes reviennent chargées de provisions du marché. Le car porte sur son toit bicyclettes et bagages. Les motos sont souvent conduites cheveux au vent. La sœur veille sur les enfants du pensionnat tandis que le curé profite de l’attente pour relire son bréviaire. Les voitures , briquées par leurs propriétaires, étaient un signe extérieur de réussite sociale incarnant la soif de liberté.

Un extrait d’un article paru dans La Vie du Rail N° 838 de mars 1964 présentant André Porte et sa femme Lore Porte travaillant à la création de la gare de Neuvy. On y voit les maquettes d’essai, les dessins et différentes planches nécessaires à sa conception. Le créateur y présente fièrement son œuvre qui marquera l’histoire du modélisme ferroviaire Français. Sans doute que son épouse a dû largement y contribuer, notamment en assurant le montage des modèles vendus tout construits ? Toujours est-il que cette gare va rencontrer un énorme succès à travers le temps et rendre son concepteur célèbre auprès des modélistes ferroviaires, bien plus qu’il ne l’imaginait au départ.

Dans le même numéro de mars 1964 on a droit à un test réalisé par un certain Pierre de 16 ans à l’époque. L’avis est synthétisé avec un bilan des points positifs et négatifs du kit comme le résumé des tests d’automobiles de nos jours. Noter le caractère impeccable et chic de la tenue du jeune homme qui se prête à l’exercice de montage en costume cravate.

Voilà ce que notre testeur à découvert à l’ouverture de la boite. Un kit très complet composé de 179 pièces injectées en plastique de douze couleurs différentes. La gare est très détaillée, avec sa fontaine, ses barrières, sa cloche d’annonce et ses belles affiches vantant les charmes les régions de France.

Et voici ce que l’on peut en faire, avec un gros plan sur la cours de la gare, alors que des voitures DEV type Forrestier de Jouef sont à quai.

Pages de publicité de la Vie du Rail à destination des foyers de cheminots français en période de l’avent de Noël. En troisième de couverture du N°971 du 22 novembre 1964, cette charmante dame vous propose ces cadeaux disponibles par correspondance au bureau du journal. On y retrouve l’ensemble gare de Neuvy + maison de garde barrière d’André Porte pour le prix de 26 Nf soit environ 33 de nos euros actuels.

Autres publicités pour les produits André Porte dans la Vie du Rail. A gauche celle de novembre 1964 vend par correspondance la gare de Neuvy et la maison de garde Barrière. Le slogan « rien à peindre, facile à assembler » est ici repris. A droite, dans les pages intérieures du N° 974 de décembre 64 où, au milieu des foulards, de la vaisselle, des livres et des BD à thème ferroviaire, on découvre les maquettes d’André Porte sur l’étagère.

Avec la gare de Neuvy, la maison de garde barrière

Le métier de garde barrière, complètement oublié de nos jours, permettait aux femmes de cheminots d’exercer une activité à responsabilité tout en profitant d’un logement de fonction. Ce logement était souvent réduit au minimum vital, mais en général, un petit potager permettait de mettre la main à la pâte entre deux passages de trains. Le modèle est très détaillé avec dans la boite du kit, une niche pour le chien, des pots de fleurs, la cloche d’annonce et des chenilles pour représenter la verdure.

Pour accompagner la gare de Neuvy, la maison de garde-barrière sort en octobre 1964 sous la Réf 124.

Reprise par Jouef, elle s’accordera très bien au Decauville HOe. Ici, les biches à l’orée de la forêt ont de la chance, le chasseur est totalement distrait par « l’amour de petit train », et elles n’ont rien à craindre.


Il n’est pas facile de marier la maison de garde barrière avec le passage à niveau électrique de Jouef sorti à la même époque avec ses deux monticules cachant les moteurs. C’est pourtant possible comme ici, mais avec une position des barrières qui n’est pas réaliste.

La maison de garde barrière aura une très longue vie jusqu’en 2001, avec différentes boites Porte, puis Jouef.

Ce bâtiment aura côtoyé les trains lourds et rapides….

… comme les tortillards. Nous sommes ici dans les années d’avant-guerre si l’on se réfère à la présence de la Bugatti 35 qui patiente. Notez les risques que prend le ramoneur (modèle en bois de Preiser). Il n’est vraiment pas sécurisé sur son échelle.

Dernière production Porte ; le bloc de 3 immeubles

Ultime production vendue sous la marque André Porte en 1965, le bloc de trois commerces ; le Café de la Gare, l’épicerie « Au Bon Beurre » et la boucherie « Sanzos » (faisant allusion aux album de Tintin). Il faut noter que c’est une photo qui illustre cette boite, et non une peinture comme toutes les autres.

Comme de coutume, le kit réf 125 C comprend de nombreux détails, une notice et une planche de décoration permettant de meubler les vitrines des commerces.

Le bloc de trois immeubles fait la une de Loco Revue de juin 1965 avec une photographie en gros plan mettant bien en valeur le niveau de détail des modèles. Le savoir-faire de la marque est maintenant largement reconnu par la revue de référence en matière de modélisme ferroviaire.

Le dernier dépliant André Porte de 1965 présente notamment les deux derniers modèles.

Les autres pages du dépliant 1965. André Porte commercialise à cette époque des sapins, du flocage, des chenilles, de la colle et des barrières de type Française. Tout ce qu’il faut pour construire son réseau. Notez sa devise ; Qualité, style et goût Français.

André Porte, au service de Jouef qui reprend ses modèles

Georges Huard, PDG de Jouef a rapidement remarqué la qualité des modèles André Porte, lui qui n’a à son catalogue que des modèles de bâtiment bien terne, d’importation Allemande d’origine POLA. Il lui offre dans un premier temps de devenir son représentant exclusif. Ce sont ses représentants VRP qui parcoureront la France pour vendre les maquettes Porte. Dans ce contexte, bien évidemment, les ventes augmentent et André Porte, qui ne voulait pas passer au stade industriel, fini par vendre son affaire à Georges Huard. Il est alors chargé chez Jouef de créer les nouveaux modèles de bâtiment, activité qu’il préfère et de loin. Sa gamme se retrouve donc presque entièrement dans le catalogue Jouef de 1967 (il manquera toujours la maison Provençale à cause de ses murs en carton). Figurent déjà à ce catalogue 5 nouveautés, les deux immeuble brique comprenant la poste Cerdon PTT, un bloc de deux immeubles, une charmante petite gare appelé Villeneuve, un immeuble moderne et une villa dite « Ile de France ». Les boites jouef ne contiendront plus de notice (les instructions sont imprimées au dos du couvercle de boite). Fini aussi les chenilles ou le flocage. Au fil du temps, les rideaux colorés disparaitront, de même que certaines parties peintes. Au passage, les prix deviennent aussi des « prix Jouef ».

En 1967, Jouef reprend à son compte les productions de l’artisan André Porte. Sur ce cliché, le boîtage d’origine de la fameuse Auberge des Trois Canards, à gauche et celui de Jouef à droite.

La double page du catalogue Jouef 1967. On retrouve à droite quelques modèles Pola rescapés dont les trois gares. Les productions André Porte sont toutes là sauf la maison provençale. S’ajoutent des productions inédites comme l’immeuble moderne, la petite gare de Villeneuve. Quatre séries d’arbres permettent aux amateurs de réaliser un réseau entièrement avec des produits maison.

Deux maquettes Jouef qui permettent de constituer la place d’un petit village. Ce sont le bloc de trois commerces et l’ensemble de deux immeubles en brique dont la poste, connue sous le nom de « Cerdon PTT ». Ce dernier sera encore référencé 134 C dans le dernier tarif d’André Porte, mais jamais vendu sous cette marque. Il sera uniquement commercialisé par Jouef à partir de 1966. Une nouvelle ère débute.

La célèbre gare de Neuvy, devant son boitage Jouef dont elle fera les beaux jours.

Jouef agrandit la gamme, mais André Porte rend son tablier

André porte est donc chargé du développement de la gamme des bâtiments chez Jouef. Il créera pour le catalogue 1968 la chaumière Normande, une maison dite de week-end et une autre dite de campagne, un chalet Canadien (variante de la maison de campagne et un moulin à vent Beauceron monté sur pivot. A ces bâtiments s’ajoute des compléments comme un ensemble de serres de jardin et un autre comprenant piscine et jeux de jardin. Mais le cœur n’y est plus. André Porte n’est pas libre de ses créations. On voudrait le faire travailler sur une raffinerie, ce qui est aux antipodes de son esprit artistique. Très vite, il renonce à sa collaboration avec Jouef et retourne à sa passion, la sylviculture (les sapins étaient présents sur son logo).

La gamme des bâtiments Jouef s'est agrandie. Sur ce cliché, sont présentes des nouveautés 1968 comme la piscine, le moulin à vent ou les serres de jardinier.

Une petite gare bien plus facile à monter apparaît sur le catalogue 1967, la gare de Villeneuve. Notez l’illustration qui met en scène la bonne vielle vapeur 020T, ce qui prouve que cette maquette d’excellente facture, est destinée aux débutants dans le modélisme ferroviaire.

Conçue dans le même esprit que la gare de Neuvy, elle reproduit la gare de Cerdon-du-Loiret sur la ligne ex PO d’Etampe à Bourges. De taille plus petite elle est adaptée au Decauville notamment.

La gare de Villeneuve est bien adaptée pour desservir un petit village constitué des créations d’André Porte. Dommage qu’elle ne porte pas le nom de Cerdon. L’influence de Georges Huard sans doute plus moderniste que André Porte ?

Le catalogue 1968 présente les maquettes à monter sur une double page couleur. Le moulin, la piscine, la serre de jardinier et les chalets canadiens ont rejoint la gamme. Les maquettes Pola se comptent maintenant sur les doigts d’une main. Le moulin à eau est conservé pour son caractère fonctionnel spectaculaire chez les enfants avec sa pompe qui actionne indirectement la roue par circulation d’eau.

Le kit permettant de réaliser les serres de jardinier comprenait de nombreux accessoires pour faire son décor. Différents types de flocages, des chenilles, un tapis à découper, une brouette, des outils, des pots de différentes tailles, une fontaine. Bref, de quoi faire une belle maquette pour un amateur patient dans l’esprit des produits Porte. Noter le vitrage des serres souligné de peinture noire pour figurer les cadres.

La deuxième page des maquettes à monter du catalogue Jouef 1968 avec une autre nouveauté, la chaumière à colombage référence 987. Il reste au total 4 modèles Pola dont une gare dans ce catalogue (illustrée en noir, ce qui n’incite pas à les choisir).

La maison de garde-barrière deviendra un best-seller chez Jouef et aura un fort succès.

Le moulin à vent ressemblant à celui conservé à Valmy près de Reims. Une version motorisée est disponible sous la référence 993 E. C’est un moteur M 60 équipant les locomotives Jouef qui est livré. Les ailes devaient tourner très vite et le moulin à vent se transformer en ventilateur (agréable sur un réseau en été). Noter les deux petites doses de colle dans les petites gélules vertes. Desséché de nos jours, elles étaient livrées dans les boites à cette époque. Pour répartir la colle sur les pièces, il fallait percer avec une aiguille le petit tube à l’extrémité et appuyer avec modération. Doser la bonne quantité de colle et la déposer au bon endroit était quasi impossible. Ce type de colle a dû faire beaucoup de gâchis.

La gamme des arbres comprend quatre références, les marronniers, les arbres fleuris, les pommiers fleuris où les arbres d’avenue. Ils sont immobilisés dans les boites sur un carton interne. Tous les flocages sont en texture de mousse plastique, d’apparence artificielle vu les couleurs criardes.

André Porte ou Jouef ?

Pour constituer un village au sein de votre réseau en 1966, le modéliste n’avait guère de choix. Soit il utilisait les productions allemandes (façon chalet Suisse) soit il le constituait avec les Productions d’André Porte qui seront reprises en 1967 par Jouef pour une large diffusion. André Porte aura créé deux gares, élément essentiel, mais surtout, il aura animé les rues et les campagnes. Du Café de la Gare aux commerces, dont la fameuse Boucherie Sansos tirée des aventures de Tintin, pas moins de 15 modèles de bâtiment verront le jour sous la marque André Porte de 1958 à 1966. Ensuite il créera encore 10 autres bâtiments pour Jouef jusqu’en 1968 avant de changer d’activité. Ses maquettes quant à elles auront une très longue carrière et se retrouveront pour de nombreuses années encore aux quatre coins du monde sous diverses marques comme Lima, MKD, ou Bachmann.

Si vous ne possédez plus la boîte, comment distinguer un modèle re-fabriqué par Jouef d’un modèle d’origine André Porte d’avant 1967 ? Tout simplement en regardant si le logo de ce dernier est gravé à l’arrière des murs (ou des éléments de toitures), comme à droite sur le cliché. Jouef effaça ce logo pour le remplacer par un simple rond marqué d’un JF (Jouets Français), une manière de s’approprier l’œuvre d’André Porte. Souvent les couleurs des moulages en plastique sont aussi plus marquées sur les modèles d’origine. Au fil des nombreuses années d’utilisation et d’usure des moules, la qualité et la précision des pièces se sont dégradées pour les productions Jouef.