Maquettes Ferroviaires
et Collections


La Saga Jouef


Deuxième partie, 1960-1962
New Rail laiton et conquête de l’Angleterre



La période 1960-1962 est une période de développement pour conquérir le marché Anglais en signant un accord d’exportation avec la marque Playcraft qui durera une décennie. De cet accord découleront des modèles spécifiques anglais que l’on trouvera un certain temps sur le marché français et aussi la célèbre gravure « Jouef for Playcraft » présente sous tous les modèles qui intriguait beaucoup les jeunes joueurs de l’époque (dont je faisais partie). L’exportation des modèles Jouef en masse vers l’Angleterre créera aussi une prospérité permettant les investissements et le développement sur le marché Français. Cette période est aussi une période de transition vers le modélisme ferroviaire pour commencer à attaquer le concurrent principal qui est au sommet de son art ; HOrnby-acHO (voir les autres rubriques de ce site) tout en conservant l’atout principal de la marque, des prix démocratiques. Ainsi Jouef propose la première Pacific Vapeur française disponible sur le marché grand public et développe sa gamme de voie New Rail en tous points comparable et compatible avec la voie Modèle que la marque Allemande Fleischmann. Pour poursuivre son adaptation aux normes internationales, l’alimentation des moteurs basculent de 6V à 12V et devient ainsi compatible avec les autres marques du système 2 rails continu. La touche finale de cette période de transition viendra de la gamme des magnifiques voitures CIWL avec des aménagements intérieurs d’un niveau de détails jamais vu à cette époque, même sur les modèles haut de gamme, avec la présence des fameuses lampes sur les tables des voitures Pullman. C’est cette période que je vous raconte au fil de ce deuxième chapitre.

L’univers Jouef du début des années 60 est dans une parfaite continuité de la précédente décennie. La gare de marchandises, la BB 9200 et la petite vapeur 020T restent au centre du dispositif pour de très nombreuses années encore. L’arrivée de matériel anglais qui aura par contre une existence éphémère en France. Le poétique diorama Ile de France et la station service sont encore de la partie, mais leurs jours sont comptés. L’évolution majeure est l’abandon de la voie à ballast plastique pour adopter le New Rail qui était en profilé laiton au début de sa carrière. Jouef poursuit sa route du train jouet vers le modélisme.

La gare de Maintenon et les véhicules sont toujours au centre du dispositif. La Pacific 231C est la grande nouveauté de cette période, rendant enfin accessible à tous les enfants une locomotive à 12 roues dont ils seront fiers.Elle est conçue pour circuler à la fois sur la nouvelle voie Nex Rail ou, comme ici, sur l'ancienne voie à ballast.

Avec la gamme des voitures salon, lit, postale et restaurant de la CIWL, on peut maintenant composer des rames réalistes digne de figurer sur un réseau de modéliste comme ci-dessus. Les voitures DEV Forestier sont améliorées pour faire bonne figure auprès de ce nouveau matériel.

Une rame de trémies VB entre en gare tractée par le petit locotracteur diesel. Ce sont des nouveautés Jouef de la période 60-62, tout comme le fourgon Est. Du coté de la voie, c’est la révolution, avec le New Rail, on peut composer des entrées de gare réalistes à souhait. Les accessoires sont ceux de la période précédente car ils étaient déjà en avance sur leur époque. Sur ce cliché, le poste d’aiguillage et le château d’eau sont des productions Jouef beaucoup plus tardives (les années 70).

Comme le véritable chemin de fer, Jouef contribue à la relance économique des trente glorieuses. Le transport des marchandises est essentiel dans ce monde de croissance effrénée. Il faut dans les campagnes passer du cheval au tracteur et dans les villes, l’automobile devient omniprésente. Jouef contribue à tout cela dans son monde miniature.

Le dépôt de mon réseau collection a fière allure, presque entièrement garni de 231 Jouef dans ses diverses versions. Avec sa pacific 231C, Jouef peut s’attaquer au champion de l’époque qu’était HOrnby-acHO dont on aperçoit la très belle 131TB au fond du dépôt.

Témoin de l’ambition commerciale de Jouef, son stand à la foire de Paris de 1962. On y retrouve toutes les nouveautés de la période sous la forme d’une présentation originale (mais pas très fonctionnelle pour ce qui est des réseaux). La raison sociale de Jouef est « Le Jouet Français » et le petit bonhomme de René Letourneur incarnant tous les jeunes joueurs en herbe figure en bonne place.

Pourquoi cet écusson sur la caisse à eau de notre chère vapeur 020T ? Et pourquoi cette rame « so British » dans notre décor de style si « Frenchie » ? C’est que Jouef, comme Napoléon, voulait conquérir l’Angleterre. Vous saurez tout sur cette bataille commerciale qui s’engage au tout début des années 60 en lisant cette rubrique N°2 de la saga Jouef.



Toute une génération dont je fais partie va jouer avec les trains Jouef. En posant fièrement sur ces photos, elle va évoluer de la voie « Bakelit » au « New Rail ». Cette nouvelle voie est beaucoup plus fragile et moins adaptée au jeu, mais tellement plus moderne. En lisant cette rubrique, réincarnez- vous dans ces jeunes garçons et revivez cette époque.

Les nombreux véhicules Jouef permettent aux amateurs de l'époque de décorer la cours de leur gare de voyageurs.

La série des wagons de marchandise à boggies diamond est maintenant complétée avec des chargements attractifs.

La 231 C nord enfin une vraie Pacific à la portée de tous

Voici la première vapeur Pacific démocratique possédant 12 roues, offerte sur le marché du train miniature. Sortie en 1960 équipée du moteur M 40 de 6V, elle reproduit une locomotive de la région Nord. Un jeu d’engrenages droit (visible sur ce cliché), entraine les trois essieux moteurs. Cette transmission et ce moteur procurent à cette locomotive une souplesse incomparable que de nombreux modèles coûtant deux ou trois fois ce prix, ne possédaient pas.

La pacific 231c franchit le passage à niveau du diorama ile de France, tandis que le peintre immortalise le village voisin sur sa toile "scenette Preiser avec personnage en bois taillé des années 50).

La première vapeur Pacific est illustrée ici dans le catalogue 1961. Les caractéristiques techniques de la machine réelle et de son tender sont détaillées avec rigueur. Notez que l’essieu central ne possède pas de boudin pour pouvoir s’inscrire dans le petit rayon de la voie à ballast plastique. Ce point, avec son embiellage incomplet, seront les deux reproches principaux que les modélistes de l’époque pourront faire à cette reproduction très correcte et bien proportionnée par ailleurs.

A l’époque, l’archétype de la machine à vapeur populaire était une locomotive de vitesse avec ses grandes roues à rayons comme la 01 Allemande de Märklin illustrée ici dans son catalogue de 1964. On voit bien sur la photo en encart, la fascination exercée par ce type de locomotive avec son embiellage en perpétuel mouvement. Et lorsqu’en plus elle fume, ce qui est une spécialité chez Märklin, c’est le top. Jouef n’est pas encore arrivé à ce niveau de perfectionnement, mais la firme française propose le rêve le la Pacific pour 35 nouveau Francs soit environ 52 Euros actuels, le quart du modèle Märklin. Pour les papas de l’époque, le choix sera vite fait ! Ce sera mon cas, sur mon réseau je faisais rouler la Pacific Jouef tout en rêvant sur ce catalogue d’être à la place du petit garçon faisant fonctionner et fumer sa Pacific Märklin.

A titre de comparaison sont visibles sur ce cliché les différentes locomotives à vapeur de type Pacific ou équivalents disponibles en 1962 auprès des marques concurrentes occupant le marché. D’avant en arrière nous trouvons la 232 R-S de JEP vendue 79F (118 Euros), la 231 Fleischmann vendue 97F (128 Euros), la 231 H Antal vendue 165F (228 Euros) , la Pacific 01 de Märklin vendue 125F (173 Euros) et la 131 TB de HOrnby-acHO vendue 57F50 ( 80 Euros). On le voit, Jouef a plusieurs longueurs d’avance sur la concurrence et c’est ce qui va faire sa force. En 1962 pour le prix d’une Pacific 231 C Jouef, vous pouviez vous acheter la petite 030 T réf 3029 de Märklin visible à l’extrême gauche !

La Pacifc 231 C aura une longue carrière chez Jouef, équipée des moteurs M40 et M20 (avec des qualités de marche en ligne qui se dégraderont) Elle est ici visible en trois couleurs, le noir de 1961, la version brune de 1964 et une version verte et noire à filets rouge de la fin des années 60 (la plus belle à mon goût). Elle servit aussi à garnir les très beaux coffrets haut de gamme Jouef « Orient Express » et Playcraft « Night Ferry » visibles en arrière plan.

Avec la 231C Jouef entre dans le mode du modélisme ferroviaire. Elle est presque à l’échelle, relativement détaillée et pour les dernières versions verte et noire, finement décorées. Il lui manquait une distribution pour compléter son embiellage, et le modèle aurait été parfait.

La gamme de coffrets aux noms évocateurs se développe: Sud-Express, Orient-Express et Electric trafic

La locomotive à vapeur 020T poursuit ce qui sera sa longue carrière. Elle garnit un coffret appelé Electrique Trafic comprenant un wagon tombereau et une citerne à bogies. Comme tous les coffrets Jouef de cette époque, il est vendu avec son transformateur, ici en version 12 V. A l’avant- plan, quelques déclinaisons et variantes de la 020 T en versions mécaniques ou électriques.

La toute nouvelle Pacific 231C Jouef est quant à elle la vedette du coffret Orient-Express comprenant deux voitures type Forestier en version première classe. Cette boite de départ portant un nom évocateur constitue le haut de gamme Jouef. Elle est ici en version avec transformateur 6V de 1960 référence 427.

A l’intérieur du coffret, le trajet de l’Orient-Express est décrit avec des petites illustrations symbolisant les villes traversées. Au départ de Paris, il prend la direction de Strasbourg, et ne devrait donc pas être tracté par une 231C de la SNCF. Ce type de locomotive ne circulait uniquement sur le réseau Nord, mais Jouef n’en était pas encore à ce niveau de fidélité par rapport à la réalité ferroviaire.

L'orient Express de Jouef face à la concurrence de l'époque avec les trains complets de JEP et HOrnby-acHO. Le point commun est l'utilisation de voitures type DEV acier dites "forestière".


L’autre coffret vedette, le coffret Sud-Express comportant la BB 9200. De facture plus moderne que l’Orient Express, il dispose de voitures inox. Il est ici présenté dans sa version avec transformateur 12V disjoncta livré sous la référence 826.

Le trajet du Sud-Express est lui aussi illustré à l’intérieur du couvercle de la boite. On remarque les supports de caténaire en forme d’ogive typique des lignes du sud ouest.


Illustré en troisième page du catalogue Jouef 1960, la gamme des trains électriques s’est nettement élargie avec ses trois piliers, l’Electric Trafic, Le Sud Express et l’Orient Express. Ces coffrets sont complétés par le luxueux Double Trafic qui comprend les deux premiers trains dans un même coffret. Les références de coffret commencent par 4 car les alimentations sont en 1960 encore en 6 V. A partir de 1961 avec le passage à 12V, les références commenceront par le chiffre 8.

1960 ; l’année de la révolution du New Rail

Le design très racoleur des emballages des New Rails est destiné à ce qu’on le remarque d’un seul coup d’œil chez le marchand de jouet face à la concurrence Allemande ou Française.


Une pleine page du catalogue 1960 présente la nouvelle voie Jouef et ses caractéristiques ; traverses plastiques, plus de ballast, profilé en laiton plein (au moins au début jusqu’en 1963 car après, ce sera de l’acier). Le développement de la gamme est annoncé avec un deuxième rayon de courbure pour 1961 (ce sera le cas) et un troisième pour 1962 (en fait, il faudra attendre 1964).


A gauche, la gamme de 1960 est déjà très complète avec aiguillage, croisement et des rails en de diverses dimensions. Elle est centrée autour des courbes de rayon 325 mm utilisés pour les aiguillages. A droite la couverture arrière du catalogue 1960 illustre les petits bonhommes Jouef dessinés par René Letourneur en pleine construction d’un réseau et qui transportent les nouveaux rails.


Presque toute la gamme initiale de l’époque profilé laiton est sur ce cliché avec les différents types d’emballages pour les aiguillages ou pour les assortiments de coupons de rails.

La gamme des new rails illustrée dans le catalogue 1961. A l’assortiment initial s’ajoute un deuxième rayon de courbure de 385 mm, une série d’aiguillages avec voie courbe à ce diamètre, un croisement à l’angle de 22° 30, un heurtoir et un élément de décrochage. Notez le rail transition qui permet le raccordement du New Rail à l’ancienne voie ballastée. A cette époque, la voie ballastée ne figure plus au catalogue.

Le rail de transition, appelé par Jouef rail de liaison, est compliqué et coûteux à fabriquer, il ne sera commercialisé que jusqu’en 1961. Il est composé d’’un new rail riveté sur un plan incliné avec un élément complémentaire coté voie ballastée. Ce rail a été créé par jouef pour se donner bonne conscience vis-à-vis des amateurs ayant un réseau en voie ballastée. Mais très peu l’utiliseront.


Sur le catalogue 1960, l’illustration présentant le passage à niveau est retouchée pour intégrer maintenant les nouveaux New Rails. La gamme de voie ballastée reste disponible, seul le rail de transition est ajouté. Ce type de voie est condamnée et disparaitra en 1961.

Les différents types d’éléments droits ou courbes à deux coupures au fond, un aiguillage dit »de coupure » à droite et un aiguillage électrique normal au centre. Le nombre important de types d’aiguillages avec et sans coupure posait un véritable casse tête pour les amateurs ou les revendeurs qui doivent tenir en stock un nombre considérable de références. Jouef trouvera la solution en 1962 avec un dispositif breveté que l’on voit sur l’aiguillage manuel du premier plan. Le profilé est tronçonné, mais une petite glissière manœuvrable à l’aide d’un tournevis permet ou non d’établir le contact en fonction des besoins sur chaque réseau. Génial non !

A partir de 1961, Jouef offre un aiguillage électromagnétique à commande à distance à ses amateurs. Un grande première pour la marque. Les moteurs sont peu encombrants permettant de multiplier les combinaisons géométriques entres plusieurs aiguillages. Les lames sont articulées et contrairement à HOrnby-acHO, les cœurs sont en plastique isolé, ce qui simplifie grandement le cablâge par rapport à cette marque. Le raccordement électrique se fait par l’intermédiaire de petites bornes de couleur blanche ou rouge permettant de coincer les câbles d’alimentation. Le boitier permettant la commande sera disponible à partir de 1962. Le boitier de couleur grise illustré ici, permet de générer des impulsions pour la commande des aiguillages électromagnétiques. Un boitier de couleur noir permet aussi l’alimentation des cantons de voies ou l’éclairage.

L’assortiment des News Rails permet en 1961 des compositions intéressantes pour le modéliste. Les moteurs d’aiguillages sont discrets et n’engageant pas le gabarit quelque soient les combinaisons en voies parallèles. Sur cet exemple une entrée de gare avec interpénétration des voies pour desservir les quais grâce aux deux types de croisement à angles de 22° 30 et 45°. La belle couleur or des profilés en laiton est caractéristique des premières années de production.

Les New Rails sont de la partie dans tous les foyers


Le père Noël de la Vie du Rail de décembre 1960 a des trains Jouef dans sa hotte et le New Rail est bien présent. Le beau coffret Sud Express fait partie des présents. Avec le recul, il faut bien avouer que le père Noël fait plutôt peur aux enfants. A l’intérieur de la revue, un article « le jouet français a gagné la bataille du rail » en faisant allusion à la nouvelle voie dont il est précisé que plus de 10 000 éléments sont produits chaque jour, soit 2,5 Km.

La gamme voyageur Forestier se complète avec un fourgon et une voiture mixte ½ classe

A partir de 1960 la voiture Forestier de première classe est dotée d’une bande jaune pour la 1ière classe et une version mixte 1/2ième classe référence 453 s’ajoute. La gamme est complétée en 1961 par le fourgon à bagages référence 459 dont on aperçoit deux versions de boitage de longueurs différentes (la courte est de 1960, la longue de 1962).

Tandis que les joueurs de tennis s'affrontent, la bb 9200 tracte une rame de voitures inox précédée du fourgon à bagages.

Le catalogue Jouef 1961 présente la gamme des DEV inox et Forestier maintenant complète.

A partir de 1962, le dessous des voitures inox et Forestier est détaillé pour y faire figurer les timoneries de freins, les réservoirs d’air et autres accumulateurs comme illustré ici sur le catalogue 1963. Un pas de plus vers le réalisme.

Les deux versions de châssis, en bas la version détaillée commercialisée à partir de 1962.

Une photo en page intérieure de la Vie du Rail de Noël 1960 montrant la génération du baby boum en admiration devant une rame DEV tractée par la BB 9200 Jouef.

1961 ; le passage à 12 V avec le transformateur « Disjoncta »

Le catalogue 1961 à la page des alimentations. On y retrouve le fameux Disjoncta alimentant les trains Jouef en 12V maintenant. L’augmentation de la tension d’alimentation résulte d’une volonté de se mettre aux normes, tous les autres trains de cette époque sont alimentés à cette tension. Deux références sont disponibles pour les secteurs en 110V ou 220V, le collectionneur doit faire très attention de ne pas brancher un transformateur 110V sur le secteur en 220V, ce peut être très dangereux. L’ampérage du Disjoncta est de seulement 0,15 ampère, ce qui est très peu comparé au 0,250 ampère des derniers transformateurs 6V, mais l’augmentation de tension fait que la puissance est équivalente. Si vous dépassez cette puissance, le disjoncteur déclenche par échauffement et il vous faudra le réenclencher après délestage à l’aide du petit bouton en haut à droite du boitier. J’ai le souvenir d’avoir fait de très nombreuses fois cette opération lorsque j’essayais d’alimenter ma BB 12000 HOrnby-acHO qui consommait beaucoup trop pour le petit disjoncta Jouef, qui comme son nom l’indique, disjonctait. Comme c’est la tradition chez Jouef, une sous station est disponible pour alimenter un circuit indépendant (avec encore plus de chance de disjoncter !). Le boitier à pile est nouveau et il faut maintenant deux piles plates 4,5V pour faire avancer tant bien que mal une locomotive à moteur 12V. La nouveauté est par contre la présence d’un transformateur alternatif réf 889 pour alimenter les accessoires comme les bobines de commande des nouveaux aiguillages électriques New Rails.

Le même catalogue 1961 annonce dès les deux premières pages le passage en alimentation 12V grâce au nouveau transformateur « Disjoncta » avec deux arguments chocs ; la puissance et la sécurité.

Comparatif des transformateurs en alimentation 6 V de 1960 avec le « Disjoncta » 12V de 1961. Le premier, de couleur brune, possédait un petit bouton rouge permettant de choisir entre trois vitesses de marche, l’inversion de sens se faisait par le gros bouton avec un 0 intermédiaire. Sur le « Disjoncta », par contre, l’inversion se fait par le petit bouton noir, ce qui peut provoquer des catastrophes miniatures si le changement de sens de marche se fait à pleine ouverture du régulateur de vitesse sous 12V, mais quel enfant de cette époque n’a jamais voulu provoquer volontairement de telles catastrophes ? La sous- station réf 886 se branche sur le « Disjoncta » grâce à une prise spécifique pour alimenter indépendamment un deuxième circuit (c’est la télécommande numérique de l’époque) Sur le cliché, le nouveau boitier à deux piles plates réf 882 qui possède un bouton inverseur de sens de marche à son sommet. Le branchement sur la voie se fait par les fiches Jouef sur l’ancienne ou sur la nouvelle voie.

6V, 9V, 12V faites gaffe aux tensions d’alimentation !

La Pacific 231C est d’abord disponible en 6,5V en 1960 sous la référence 436. En 1961 sort la version 12V sous la référence 836. Les premiers chiffres 4 et 8 des références caractérisent respectivement les versions 6 et 12V du matériel moteur. Les versions 6,5V des locomotives restent disponibles jusqu’en 1962. En plus de ces deux tensions commercialisées en parallèle, les choses se compliquent en 1961 avec l’apparition du locotracteur diesel réf 838 qui est affiché pour une tension de 9V. Cette tension est choisie pour pouvoir fonctionner correctement sous une alimentation avec régulateur à pile (2x 4,5V), cette locomotive étant destinée à équiper les coffrets de départ.

Si vous possédez les boites, pas de problème pour déterminer la tension de votre modèle (attention cependant aux inversions). Par contre comment faire si vous ignorez le type de tension de votre modèle Jouef préféré ? Faire fonctionner une locomotive 12V sous une alimentation 6,5V ne cause aucun dégât au moteur, le seul problème étant que votre modèle va se trainer lamentablement sans avoir aucune puissance. Par contre en alimentant un modèle 6,5V par du 12V, vous risquez d’endommager irrémédiablement le bobinage de votre moteur en détruisant l’émail isolant des bobinages. Un truc pour identifier la tension nominale ; la couleur du carter entre les essieux servant de support aux palpeurs de prise de courant. Dans un souci d’identification Jouef a changé la couleur rouge de ses carters pour la couleur noire (avec gravure 12V) pour les tensions respectives d’alimentation 6,5V à 12V. Mais les choses ne sont jamais aussi simples, dans la période transitoire, Jouef utilise son stock de pièces rouge restant pour des modèles 12V, sauf que dans ce cas, un marquage 12 V au tampon blanc est ajouté au fond du châssis comme sur la version visible à gauche sur la locomotive à vapeur 020T. Ce truc ne marche pas pour la locomotive à vapeur 231C qui a toujours possédé un carter noir.

La BB 9201 vedette indiscutable de son époque s’équipe d’une nouvelle mécanique

Cette locomotive souvent surnommée « Panoramique » est la vedette incontestée de son époque comme le prouvent ces deux couvertures de la Vie du Rail spécial Noël. A gauche, en 1957 la comédienne japonaise Keiko Hishi pose en kimono devant la BB 9201 au dépôt de Paris Sud Est. A droite, c’est la BB 9276 qui est mise en scène de nuit avec ses plaques Mistral à coté d’un sapin de noël illuminé dans une ambiance très ferroviaire.

La rame vedette de Jouef ; le Sud Express tractée par la BB 9200 fait une halte à la gare de Maintenon dans un décor bucolique et campagnard.


Chez Jouef, la carrosserie de la BB 9201 n’a pas évolué depuis la version 1958, mais avez-vous remarqué que les engrenages à l’intérieur des boggies moteurs ont disparu sur la version 1962 à gauche sur la photographie ????

L’illustration à partir du catalogue Jouef de 1961 confirme la disparition des engrenages.

Autre évolution visible, la présence d’une vis, par ailleurs disgracieuse à l’avant à partir de 1961. La justification tient en la présence d’un tout nouveau châssis. Il possède toujours quatre roues motrices comme l’ancienne version à deux moteurs, les engrenages sont toujours de belles pièces en laiton, le châssis possède maintenant la reproduction des équipements entre les boggies.

Mais le secret du nouveau châssis est son unique moteur type Saucisson (M40) avec un système de transmission aux quatre roues. Ce châssis sera commun avec la BB diesel anglaise réf 837 qui sortira en 1962 en France.

La nouvelle version de la BB 9200 entre en gare de Maintenon en tête du Sud Express. Elle roule ici sur l'ancienne voie à ballast.

La gamme des wagons à boggie diamond se complète

La gamme des wagons marchandises, qui emprunte son nom à son type de boggie équipant les wagons TP (Travaux Public d’après la guerre 14/18), est maintenant complète. Elle aura une très longue carrière, constituant un pilier de la gamme Jouef. Le très rare et hors catalogue coffret Coupe SNCF poursuit sa carrière jusqu’en 1962. La particularité de la période 60-62 est que les wagons de marchandises sont livrés en boites de deux pièces pour les wagons à boggies, sauf le transport d’automobiles qui reste conditionné individuellement. La série de marchandises à deux essieux est vendue en boite de 4 pièces. A noter que pour ces derniers, la boite est trop petite si on ne les retourne pas l’un par rapport à l’autre pour que les attelages se chevauchent.

Illustration du catalogue 1962 qui présente les nouveautés ; le plat surbaissé chargé d’un transformateur et le wagon plateforme qui reçoit deux tracteurs Farmall qui prend ainsi la référence 652 C (pour Chargement).

Chronologiquement, après le frigorifique STEF, la série des wagons à boggies diamond continue en 1961 avec un wagon trémie VB référence 657 et un plat surbaissé référence 658, tout d’abord livré sans chargement, qui prendra en 1962 la référence 658C en étant livré avec un impressionnant transformateur électrique triphasé. Ce wagon est très inspiré des plats de transport spéciaux industriel de VB (voir ma rubrique VB) en bien plus accessible à toutes les bourses.

Ce wagon est trés inspiré des wagons de transport spéciaux industriels de VB ou des trémie Arbel (voir ma rubrique VB) en bien plus accessible à toutes les bourses.

Les tracteurs Farmall sont prélevés dans la série des jouets agraires que Jouef commercialise à cette époque. En majorité de couleur rouge, ils sont amovibles car leurs grandes roues sont simplement coincées contre les bords du wagon. Ils sont du même type que ceux livrés dans le coffret dit « Coupe SNCF » qui comprend en plus le même plat chargé de deux remorques.

La loco diesel « British Railways » à la base de la conquète de l’Angleterre

Cette curieuse locomotive à l’aspect très britannique avec son nez écrasé, ses yeux qui pleurent (les vitres frontales) et ses drôles de blasons en décalcomanie sur les côtés m’a toujours beaucoup intrigué dans ma jeunesse. Elle n’était pas belle (point confirmé par mon père de nombreuses fois, pas question d’acheter cette laideur !) et pourtant elle m’attirait beaucoup, peut-être à cause de ces blasons qui l’anoblissaient. En fait Jouef avait créé une BB britannique type North Britisch D 6100 pour sceller ses accords d’exportation avec Playcraft (voir plus loin).Cependant en France elle n’aura que très peu de succès au cours de sa courte carrière.

Cette locomotive diesel Britannique porte la référence 837, elle apparaît en 1962 dans le catalogue Français uniquement en version 12V équipée du même châssis que celui modernisé de la BB 9200. Un unique moteur saucisson M40 entraîne les 4 essieux. Elle est livrée dans un boitage aux normes de l’époque avec un insert interne et des cartons ondulés de protection latérale.

Un premier locotracteur diesel signe de modernité

Autre composante de la conquête de l’Angleterre mais plus orientée bas de gamme, ou article de démarrage, le petit locotracteur diesel qui apparaît aussi en 1962 sur le catalogue français avec sa tension de fonctionnement sous 9V très particulière.

Sur l’emballage, le diesel réf 838 est bien identifié comme ayant une alimentation sous 9V. Il complète harmonieusement la locomotive à vapeur 020T modernisant ainsi les modèles simples de bas de gamme pour les coffrets de départ à prix d’appel.

Le petit locotracteur manœuvre à l’entrée du triage en New Rail qui dessert le quai de marchandises. Je me rappelle que cet engin faisait un bruit de crécelle très marquant. Il manquait de démultiplication et fonçait sur mon réseau comme une souris fuit vers son trou. Pas vraiment l’idéal pour les manœuvres.

La merveilleuse série des voitures CIWL et postale

En 1962 apparaît dans le paysage des modélistes ferroviaires une série de voitures CIWL qui va marquer un tournant dans l’histoire de Jouef.

Sur ce cliché, le nouvel assortiment des voitures CIWL et postales qui deviendront les fleurons de la gamme de matériel remorqué de Jouef.

Les modèles sont illustrés ici sur le catalogue 1962, le niveau de finition est inégalé chez Jouef, inscriptions complètes, écusson CIWL rapportés, ainsi que les tampons et les soufflets d’extrémité, aménagement intérieur détaillé, du jamais vu à un tel niveau de prix, extrêmement compétitif.

Admirons la finesse des inscriptions de la voiture Pullman 1ère classe référence 861. Les lampes sont rapportées sur chaque table. Elles sont en laiton tourné, avec chaque abat-jour souligné de peinture rouge. Même sur les productions actuelles, on ne trouve pas toujours un tel luxe de détail. Malgré tous ces détails, les prix restent raisonnables avec 5,5NF pour ce modèle en 1962 soit 7,6 de nos Euros actuels. Cette voiture, sans doute à cause de ses lampes rapportées, était la plus chère de la gamme, les autres étant vendues 5 NF (lit et restaurant) ou 4,5 NF (postale).

Même niveau de détail pour la voiture restaurant référence 860 équipé de tables garnies.

Une rame CIWL stationne en gare de Maintenon avec au centre la voiture restaurant.

La voiture postale référence 860 avec son lanterneau vitré et ses inscriptions « Paris » caractéristiques.

Deux types de voitures lits sont proposés. La voiture type Y dite « continentale » porte la référence 862 en haut. La voiture type F dite « spéciale Paris Londres » porte la référence 863 en bas. Elle se distingue par ses portes bouchées à une des extrémités et ses décalcomanies Paris Londres ajoutées sur ses flancs.

Le Paris Londres traverse la Pircardie.

Les voitures lits Paris-Londres sont destinées à être exportées en Angleterre pour Playcraft. Un magnifique coffret Night Ferry référence PR 1460 est disponible dans ce pays avec une magnifique gravure montrant la 231C crachant le feu et tractant ses voitures lits entre les deux capitales. C’est à mon sens, le plus beau coffret fabriqué par Jouef à cette époque, quel dommage qu’il n’ait pas été commercialisé en France.

En ligne sur mon réseau collection, la magnifique rame du Nigth Ferry a quitté la gare du Nord à Paris et franchit la campagne française vers Calais, où les voitures lits seront embarquées sur un ferry boat. Le voyage jusqu’à Londres se fait sans transbordement des passagers, une particularité avant le tunnel sous la manche.

Les magnifiques aménagements intérieurs. De haut en bas, la Pullman avec ses tables équipées d’abat- jour, une voiture lit avec ses couchettes douillettes préparées, et la voiture restaurant avec ses nappes blanches garnies d’assiettes.

La Pacific 231C est sans doute la locomotive Jouef la plus digne de tracter une rame CIWL.

Mais la traction peut aussi être assurée par une moderne BB 9200 électrique.

Les wagons et voitures voyageurs « british railways »

Autre curiosité qui m’intriguait dans ma jeunesse lorsque je consultais le catalogue 1962, la présence de voyageurs type British Railways, marqués d’un petit drapeau de l’Union Jack. Elles ne seront présentes qu’une toute petite année dans le catalogue Français.

La gamme des voitures British Ralways retrouvée bien plus tard dans ma vie de collectionneur avec ses trois types ; 2ième classe, mixte 1ière/2ième et mixte Fourgon. Bien entendu, les voitures sont destinées à être tractées par le diesel D 6100, mais elles sont surtout destinées à être exportées vers l’Angleterre et elles n’auront qu’un succès très limité en France.

Pour l’exportation vers l’Angleterre également, les fourgons de fin de convois appelés « Brake Van », illustrés ici aussi dans le catalogue 1962, le seul document Français où ils apparaitront sous la référence 630. Le châssis est spécifique avec la reproduction des timoneries de freins et des marchepieds latéraux.

Comme il est de coutume à cette période, les Brake Van référence 630 sont vendus par paires, ce qui rebutait sans doute encore plus les amateurs peu enclins à se procurer en masse un modèle aussi exotique, même à prix modique.

“God save the Queen” vive de l’Angleterre avec Playcraft

Que font donc tous ces modèles Jouef bien connus comme la 231C ou notre 020T en compagnie de ces modèles de voitures bicolores brunes et crèmes ou bleues, couleurs que nous ne connaissons pas dans la gamme Jouef ???

L’explication est dans ce catalogue ; Jouef fournit en exclusivité la marque Playcraft Railways en Angleterre. Les dirigeants de Jouef veulent conquérir le monde et au début des années 60 , un accord d’exclusivité est établi avec la firme établie à Forest Fach dans le Pays de Galles. Bien entendu, la BB diesel North British D6100 est la tête de pont de cette gamme et on la voit ici en vedette de la couverture du catalogue Playcraft dans sa quatrième édition de 1963. L’ambiance est toute britannique faite de pluie et d’obscurité, une impression glaciale qui ne donne pas vraiment envie de franchir le Channel pour visiter ce pays, même en train !

La firme Playcraft est intégrée dans le groupe Mettoy qui a déjà créé les fameuses automobiles miniatures en métal moulé Corgi Toys concurrentes des Dinky-Toys en 1956. Le groupe comprend aussi les circuits automobiles miniatures Aurora qui peuvent être associés aux trains miniatures HO comme on le voit ici sur la quatrième de couverture du catalogue Playcraft dans sa première édition du début de l’année 1961.

Un échantillon des produits Jouef pour Playcraft dans leurs coffrets superbement illustrés ou dans les boites rouges et noires caractéristiques. A gauche les trois premiers catalogues de 61 à 63. Des trains mécaniques étaient aussi disponibles dans des couleurs quelque fois exotiques comme la voiture inox courte réutilisée avec sa caisse moulée en vert foncé et qui était vendue dans un coffret réf P1100 appelé « suburban »


Début des années soixante, la concurrence est rude pour Playcraft en Angleterre avec des marques bien implantées depuis de longues dates comme Hornby Dublo (le cousin germain de HOrnby-acHO de Meccano en France), Triang (qui s’apprête à absorber Hornby Dublo en 1964) et Trix Twin. Leurs catalogues sont richement illustrés comme le montre ce cliché et dans ce contexte de concurrence, les brochures de Playcraft sont un peu en retrait. Mais le handicap majeur est que la gamme est quasi française et ne comporte au final que très peu de modèles typiquement anglais, ce qui finira, en 1969 par être fatal à Playcraft.

La page du matériel moteur de la deuxième édition du catalogue Playcraft (1962). Les références sont les mêmes que celles du catalogue Jouef, mais précédées des lettres PR. Les premiers catalogues sont bicolores noirs et rouges.

Par la suite, la couleur apparaît comme ici sur le catalogue 1963 et seul un P précède les numéros des références Jouef. Notez la traverse de tamponnement rouge de la BB D 6100, l’écusson British Railways sur la 020 T et les zébras jaunes sur le locotracteur diesel, des caractéristiques spécifiques pour l’Angleterre (sauf les zébras sur certaines séries).

Au premier plan, les versions anglaises de la 020 T en version électrique à gauche, et mécanique verte à droite.

La gamme des voitures British Railways est distribuée en Angleterre dans des livrées bien plus variées qu’en France, comme le montre le catalogue en couleurs de 1963. La « Standard Livery » brune est identique à celle disponible en France. La « Southern Region Livery » verte et la « Western Region » brune et crème sont par contre inconnues dans les catalogues de Jouef.

Plus tard, une version plus moderne bleue et grise sera proposée en complément de ce choix de couleurs déjà étendu.

Le chaînon manquant en France, la voiture restaurant référence 455. Elle était pourtant annoncée « en préparation » sur les boites Jouef de 1962. Cependant suite à l’échec commercial de ces modèles dans notre pays, la firme n’insista pas.

En fait cette voiture restaurant chez Playcraft est composée d’une caisse de voiture mixte fourgon et d’un aménagement intérieur spécifique très détaillé. Des autocollants figurent les boissons au bar. Des trous sont prévus sur les tables pour recevoir les fameux abats jour fabriqués pour la voiture salon Pullman. Sur les versions de série, ils ne seront jamais installés. Mais, je me suis fait un plaisir d’équiper mon exemplaire avec des pièces de récupération. Noter la mention OO/HO sur la boite Playcraft. En Angleterre c’est le OO (1/76ième sur voie de 16,5mm) qui règne en maître contrairement à l’Europe et à Jouef qui produit des modèles HO (1/86ième sur voie 16,5mm), d’où cet affichage ambigu. A partir de 1963 le matériel Playcraft abandonne l’attelage Jouef pour un attellage type « Peco »visible ici sur ce modèle. Il est compatible avec le Hornby Dublo de la concurrence et paradoxalement, aurait été compatible avec l’attelage standard HOrnby-acHO. Mais ce n’était pas du tout ce que cherchait Jouef qui ne l’adopta jamais sur le territoire français.

Playcraft doit nécessairement proposer des aménagements intérieurs détaillés pour rivaliser avec la concurrence comme le montre cette page du catalogue Hornby Dublo de 1962 proposant des voitures équivalentes. Notez sur l’illustration le caractère familial des jeux de chemins de fer miniatures qui peut se permettre d’occuper le salon sous l’œil bienveillant de la maitresse de maison. Un cas rare, peu vécu personnellement, hélas !

A défaut de salon, c’est la gare de Rothau qui sert de terrain de jeu à mes voitures Playcraft. Sommes-nous dans la banlieue de Londres avec le Night Ferry qui termine son parcours ? Ou le tunnel sous la manche a-t-il été construit en 1962 permettant au matériel anglais d’entrer sur le réseau SNCF ? A votre imagination de réécrire l’histoire et d’apporter la réponse.

Autre illustration du matériel anglais dans un décor bien français, mais de la première génération de Jouef avec sa célèbre voie ballast. Notez le locotracteur diesel de couleur brune, une version assez rare à retrouver, surtout en France

Presque tout le matériel roulant français est disponible en Angleterre sous la marque Playcraft (il ne manque sur le catalogue 1962 que le fourgon type Est). Il est vendu sous les dénominations « continental » « french national railways » ou « international » rolling stock.

En plus des gravures en noir et blanc connues dans les catalogues Jouef français, une très belle illustration inédite et en couleur de la voiture type Forestier mixte 1/2ième classe figure dans le catalogue de 1963.

La série des wagons « diamond » possède des inscriptions spécifiques pour l’Angleterre comme illustrée ici dans le catalogue Playcraft de 1962. L’inscription STEF trop caractéristique a disparu pour une livrée uniformément blanche.

Les deux modèles de frigorifiques de Jouef à gauche et de Playcraft à droite sur leurs emballages spécifiques. Notez la mention « watch for new items » (surveillez les nouveautés) sur la boite Playcraft.

Sur les boites Playcraft, comme ces deux coffrets de départ, figure la mention « made in France exclusively for Playcraft toys Ltd London »

Peu de nouveaux accessoires sur cette période 60-62

La gamme des accessoires Jouef était déjà très complète en 1959 et elle n’est guère étendue entre 1960 et 1962. Les packages évoluent. Une boite d’accessoires référence 686b qui comprend les poteaux télégraphiques, les signaux et les barrières dans un très bel emballage avec une gravure signée René Letourneur (Notez les deux types de sigles Jouef sur les deux couvercles). Le pont métallique à trois éléments est toujours présent dans une nouvelle boite. Passages à niveau, gares, quais, et tunnels poursuivent leurs (très) longues carrières.

La gare de marchandises a troqué son toit de tuiles couleur brique pour une couverture en ardoises grises. Le changement dans la continuité coté décor.

Chez Playcraft, on retrouve les mêmes accessoires, avec des panneaux indicateurs inédits ……

Et des signaux anglais très spécifiques. Paradoxalement, aucune gare voyageur ne figure au catalogue, sans doute que la gare de Maintenon était trop « typicly French »

Une boite complète d’accessoires et de rails est disponible chez Playcraft, ensemble dont il n’existe pas d’équivalent chez Jouef. L’illustration, en couverture arrière du catalogue 1963, est très kitsch avec de très beaux pulls à la mode de l’époque. Cependant, sur ce beau petit réseau au décor soigné, il manque une belle gare.

La technique Jouef de cette époque

En France comme en Angleterre, c’est toujours l’attelage Jouef à crochets qui équipe tous les modèles. Cependant les productions de 1962 possèdent un crochet simplifié comme à gauche sur la photo. Il ne possède plus cette excroissance supérieure découpée comme sur le modèle de droite, une ultime modernisation en quelque sorte. L’excroissance était sans doute destinée à lever le crochet à la main. Comme maintenant des éléments dételeur existent, Jouef considère sans doute que ce n’est plus nécessaire.

A partir de 1961, et pour appuyer l’exportation, la mention « Jouef for Playcraft » est gravée sous tous les châssis. Cette mention, dont la signification m’a toujours intrigué dans ma jeunesse, était une manière de faire figurer les deux marques et de sceller leur collaboration.

L’évolution est sous le capot en 1962. Le moteur M60 apparaît comme sur le châssis de gauche. Il est certes moins encombrant, mais aussi moins performant que le brave et talentueux moteur saucisson M40 (mais les moteurs suivants le seront encore bien moins). Ce dernier est cependant condamné dans l’évolution de Jouef par son encombrement trop important qui ne permettra pas de le loger dans les futurs modèles de plus en plus fidèles à l’échelle de reproduction. La tendance à baisser les coûts pour prendre des parts de marché est sans doute l’autre raison majeure de cette évolution. Le M60 fait d’abord son apparition dans le locotracteur diesel réf 838. Il sera ensuite adapté dans la locomotive vapeur 020 T où il sera d’abord destiné aux coffrets de départ à bas coûts à partir de 1962. Cette adaptation a nécessité une refonte complète de la transmission. Celle-ci reste faite d’engrenages en laiton de bonne qualité (la transmission reste réversible garantissant une inertie en fonctionnement). Jouef est obligé d’ajouter un lest en plomb à l’avant pour contrebalancer le poids du moteur M60 situé très en arrière. Pas si pure que cela la conception nouvelle !

La première page du catalogue Playcraft est relativement plus explicite sur la technique que les catalogues Jouef. On y retrouve une illustration des deux types de moteurs de cette époque, le M40 en haut et le M 60 en bas. Le M40 était un moteur à rotor sans fer (le premier utilisé dans le monde du train miniature) dont les paliers étaient montés sur roulement à billes. Ainsi il ne nécessitait pas de graissage et son fonctionnement était très silencieux. Le M60, ici conseillé pour une alimentation par batterie, ne possédait plus ce raffinement.

Autre raffinement ajouté sur les voitures à partir de 1962, les soufflets d’intercommunication et les tampons sont rapportés à l’extrémité des voitures.

Jouef trouve sa griffe et ses couleurs pour la décennie.

Sur ce cliché, l’évolution des emballages Jouef entre 1959 et 1962 pour les coffrets, les accessoires, les éléments de voie, les voitures et le matériel moteur. La couleur rouge des emballages était déjà présente en 1959, mais à partir de 1962 des bandes en motifs noir et blanc complètent leur design. Ce nuancier restera les couleurs quasi exclusives des boites et la base de sa communication via ses logos, publicités ou catalogues pour une vingtaine d’années. Le sigle Jouef carré remplace le premier logo en losange. Les wagons de marchandises à boggies sont maintenant vendus par boite de deux. Le dessin des premières boites de New Rail est particulièrement accrocheur avec des touches de jaune en 1960, il se normalisera par la suite. Les boites d’accessoires regroupent maintenant plusieurs types. Les illustrations sur la boite du passage à niveau évoluent pour intégrer le passage aux new rails.

Les boites des locomotives de cette période sont particulières. Elles possèdent un insert interne en carton rouge ou jaune coulissant à l’intérieur de l’emballage. Des cartons ondulés protègent le modèle latéralement et le cale. Ces emballages devaient être très coûteux et ils ne dureront pas.

Les emballages de 1962 pour les voitures. Ils sont particuliers à chaque modèle avec sur un coté, une illustration grandeur nature du matériel contenu. Sur l’autre coté, le reste de la gamme est illustré pour inciter les amateurs à compléter leur collection.

caler les voitures dans leur emballage, un petit rabat en carton est présent de chaque coté. Je me souviens très bien les avoir enlevés lorsque j’ai reçu une série de ces voitures pour Noël 1962.

La voie New Rail dispose en 1960 d’un emballage spécifique pour chaque assortiment comme illustré au fond sur ce cliché. Avec la sortie du deuxième rayon de courbure et des aiguillages électriques, l’emballage sera standardisé comme à l’avant-plan.

Un album de plans de réseau qui fleure bon le modélisme

En 1962 apparaît la première édition d’une brochure de plan de réseau de Jouef pour mettre en avant les possibilités du New Rail. Elle est réalisée en collaboration avec Loco Revue, ce qui explique son haut niveau sur l’aspect fonctionnel des réseaux présentés. Pour les Traversées Jonction Double en New Rail, illustrées en couverture, il faudra attendre 1968.

Retour de politesse, une publicité dans la revue Loco Revue N°224 de décembre 1962 pour la brochure de Jouef.

Les perspectives de la marque sont ambitieuses

Jouef propose maintenant du matériel digne de figurer à la fois sur des réseaux type "Jouet" et sur des installations d'amateurs modélistes.

Autre preuve de l’entrée de Jouef dans le monde du modélisme ferroviaire, la gare de Maintenon fait la couverture du Loco Revue de juillet-août 1961 avec une Pacific Antal et le sujet d’un article en novembre 1959.

L'écho que rencontrera Jouef chez les amateurs sera énorme et les réseaux constitués de son matériel, inombrables.

Une publicité très particulière dans le Loco Revue N°200 d’octobre 1960, un réseau Jouef complet appelé « piste réclame ». Il est vendu terminé et tout équipé au prix de 57 NF soit environ 85 euros actuel, ce qui est tout à fait raisonnable avec la voie, les bâtiments et les accessoires. Un réseau d’usine très intéressant, surtout destiné aux détaillants pour les fêtes de Noël avec le fameux slogan de Jouef « vitrines animées, ventes triplées ».

La game d'accessoires trés complète sert le constructeur, d'autant qu'avec la voie "New Rails" le réalisme est au rendez-vous.

Dernière page du recueil de plans de réseaux qui laisse entrevoir la suite et les nouveautés 1963. Je vous les proposerai bientôt sur ce même site dans une nouvelle rubrique de l’histoire de Jouef sur la période 1963 à 1965.