Les voitures voyageurs.
Le quai est très actif lors du départ de ce train de nuit. Les voyageurs embarquent dans les voitures lit type P, comme cet ecclésiastique qui part peut-être pour un concile à Rome,
au Vatican ?
Dans le domaine du transport des voyageurs, comme pour le matériel de traction, les productions de VB sont tardives. Longtemps ce marché est laissé à la concurrence comme PMP, Antal, JEP, Martin,
BLZ ou Rateau qui produisent des voitures en tôle découpée ou Rossi en Presspahn ou encore SMCF qui fait du moulage en zamak sa spécialité. Cette situation perdure jusqu’en 1957 ou apparaît enfin le
premier modèle, une voiture inox DEV mixte 1ière / 2ième classe pour accompagner la BB 9200. Seuls trois modèles de voitures seront produits de 1957 à la fin de la marque en 1961, toujours des voitures
modernes. Contrairement à la gamme des wagons de marchandises, la reproduction de petites rames de campagne n’est pas de mise chez VB qui privilégiera les caisses étincelantes en acier inoxydable.
Les voitures VB sont de construction simple et industrielle. Le châssis est en tôle, et la carrosserie en plastique moulé, ce qui leur procure une grande finesse pour l’époque. Il n’y a pas d’aménagement
intérieur, contrairement à certains modèles bas de gamme, comme chez Jouef par exemple. Les vitrages sont réalisés en rhodoïd avec des barres d’accoudoirs rapportés à l’intérieur. Les peintures sont
soignées avec pour la voiture lit, un toit patiné de gris. La longueur est à peu de chose près exacte, ce qui est un gros progrès pour l’époque. Cette gamme limitée perdurera jusqu’au catalogue Triang de
1961 et elle se retrouvera sur les réseaux de modélistes de longues années après la fin de fabrication, avec une reprise des trois modèles faite par Daniel Lejeune commercialisée jusqu’au début des années
70.
Au début, ce sont les marques concurrentes à VB qui produisent des voitures françaises, comme ici Rateau avec ses modèles en tôle finement emboutie.
Toutes les productions VB de voitures voyageurs sont présentées sur ce cliché, dans le sens des aiguilles d’une montre, les DEV inox produites à partir de 1957 (avec ou sans
plaques Mistral), le fourgon générateur de 1959 et les voitures lit type sorties en 1961. Ces productions des voitures sont toutes de type industriel.
Une batterie de 060 DB assure le service en l’absence d’électrification, dont le train de nuit composé de voitures lits type P. Au fond, le Mistral entre en gare derrière une BB 9200.
La BB 9200 et les voitures inox modernes permettent de s’affranchir de l’image vieillotte des trains des années 50 associée à la traction vapeur.
L’alliage d’inox est utilisé dès les années 30 en Amérique pour la construction ferroviaire. Cette technique est mise au point par la société Budd et la licence d’emploi est vendue à la firme française Carel et Fouché. Des procédés nouveaux de soudage et d’emboutissage permettent l’utilisation de l’acier inoxydable 18-8 (18% de chrome et 8% de nickel). Les caractéristiques mécaniques supérieures de l’acier inoxydable permettaient l’utilisation de tôles de moindre épaisseur et la construction de matériels allégés par rapport à l’acier ordinaire. Il était ainsi possible de gagner trois tonnes sur une voiture voyageurs. L’utilisation de tôle mince nécessitait l’utilisation de panneaux cannelés pour certaines parties afin de compenser l’absence de rigidité. En outre, l’utilisation de l’acier inoxydable permettait la suppression des peintures extérieures antirouille et donnait un aspect moderne qui n’était pas déplaisant. Cet aspect « américain » va être adopté en France par la DEV (Division d’Etude des Voitures) lorsqu’en 1950 la SNCF commande trente-six unités de voitures type DEV j dite Mistral 56 car elles seront d’abord utilisées sur ce train drapeau. La série s’étendra ensuite sur d’autre types, toujours dans le même matériau étincelant et moderne qui tranchait avec le matériel en acier ordinaire uniformément vert à l’époque. Peu de temps après la mise en service des modèles réels, VB commercialise en 1957 sa voiture inox mixte 1ière / 2ième classe sous la référence 260. Elle est de conception industrielle avec l’utilisation pour la première fois par la marque du plastique pour reproduire la caisse. Cette technique d’avant-garde permet une bonne finesse de moulage pour reproduire les panneaux cannelés si caractéristiques. Les voitures inox accompagnent la BB 9200 de la marque avec un objectif, reproduire le célèbre Mistral. Pour cela une version équipée des plaques Mistral et Lyon ou Nice de couleur cuivrée sous la référence 260D. Elle est équipée des modernes boggies Y 20 reproduits en Zamac. Cette voiture sera vendue toute montée ou en kit jusqu’à la disparition de la marque, mais elle aura à faire à une rude concurrence avec les modèles SMCF et HOrnby-acHO plutôt bien réussis.
La voitures inox DEV J de VB sous ses différentes formes. De bas en haut, la version classique, une version simplifiée non peinte, et celle équipée de plaque Mistral.
Un coffret de luxe disposant de voitures inox, d’un fourgon générateur, d’une BB 9200 et d’un circuit avec aiguillage est disponible comme le montre le catalogue 1959.
L’extrémité des voitures inox ne comprenait pas de soufflet d’intercirculation rapporté. Les trois feux rouges asymétriques de fin de convois sont par contre présents, mais non
fonctionnels. Sur la fin de la production, ils seront bouchés.
La BB 9001 vient s’atteler à une voitures inox alors que passe une rame chargée de 4Cv Renault.
La notice de montage de la voiture inox avec une nomenclature complète des pièces. Elle met bien en évidence les techniques utilisées par VB pour constituer ses voitures
voyageurs.
Le Mistral crée l’attraction au passage à niveau. Les voitures sont ici équipées d’aménagement intérieur et de soufflets d’intercirculation rapportés non d’origine ce qui améliore leur aspect.
VB n’était pas la seule marque à proposer les voitures DEV inox au début des années 60. Au deuxième plan et de gauche à droite on retrouve les modèles VB, SMCF (entièrement en métal),
Hornby-acHO et Märklin. A l’avant, une rame américaine du Californian Zéphir inspiratrice avec ses voitures inox Budd (modèles Märklin).
Messieurs Vollon et Brun devaient être de fervents défenseurs de la technique sous licence Budd d’assemblage de l’acier inoxydable car c’était aussi celle utilisée pour les
automotrices Z 5100 de VB.
Les passagers cheminent le long du mistral décoré de ses plaques spécifiques alliant l'inox et le laiton et que VB a scrupuleusement reproduites.
Trafic voyageur intense avec l’arrivée d’une rame de voitures inox en gare de Chaude Aigues.
Pour compléter la rame de voitures inox sur sa rame Mistral, la SNCF fait transformer d’anciens fourgons chaudière du PO (ancienne compagnie Paris Orléans). Cinq véhicules seront totalement reconstruits en 1956 pour faire bonne figure à côté des voitures inox flambant neuves. Elles seront peintes en bleu de Savoie foncé pour s’assortir aux voitures CIWL restaurant et salon généralement présentes en extrémité de rame. Ces fourgons sont dotés comme les voitures inox de boggies Y 20 et équipés de deux groupes moto-alternateur de 400 cv débitant du courant 600 V triphasé permettant le fonctionnement de la climatisation et du système d’air conditionné de la rame par une ligne de train. Ces véhicules disposent d’un compartiment à bagages avec un volet roulant sur la porte de chargement. Ils termineront leurs carrières avec les voitures inox 56 affecté sur les rapides Paris Strasbourg après avoir été repeints en rouge Capitole. Le modèle VB apparait fin 1958, et sera très prisé des amateurs car ce sera la seule reproduction de ce modèle durant plusieurs décennies. Chose particulière pour les voitures voyageurs, elles disposent du marquage SNCF sérigraphié. Il a existé en version équipée de l’éclairage rouge de fin de convois (signalisation à trois feux conforme à cette époque).
Le fourgon est toujours placé aux extrémités de la rame Mistral car il n’est pas accessible aux voyageurs et il ne possède pas de couloir de circulation. Avec les voitures restaurant et Pullman de la marque
Rateau, il est possible de reproduire à l’époque la composition exacte du Mistral.
Le fourgon, le wagon d’accompagnement incontournable de la rame Mistral qui en réalité permet sa climatisation. A noter qu’habituellement la porte du fourgon générateur VB est
peinte couleur aluminium, ce qui n’est pas le cas sur cet exemplaire (un oubli ?). La voiture mistral est ici équipée de plaques d’itinéraires marquées Lyon, elle existait aussi avec des plaques marquées Nice.
Comparaison des fourgons générateurs VB et LS Modèle en version modernisée rouge. Cinquante trois années séparent ces deux productions.
Les voitures lit de type P furent construites pour la CIWL en 1955-1956 à 80 exemplaires. Elles marquent le renouvellement du Parc des voitures lit avec une construction en acier inoxydable, matériaux que
la compagnie utilise pour la première fois et qui tranche avec la livrée bleu nuit traditionnelle. Elles doivent leur appellation « type P » du nom de Mr Pillepich, l’ingénieur en chef des services techniques de
la CIWL. Elles vont offrir pour la première fois en Europe une disposition des cabines novatrice, importée des Etats Unis, et qui consiste à imbriquer les compartiments les uns aux autres. Elle offre ainsi 20
cabines individuelles aux volumes certes réduits si on les compare aux 10 compartiments des luxueuses voitures LX revêtus de marqueterie, mais qui préservent ainsi l’intimité des voyageurs. Elles
circulèrent dans de nombreux pays d’Europe en étant incorporées dans un grand nombre de trains de nuit et notamment à partir de 1958 au luxueux Train Bleu qui dessert la côte d’azur depuis Paris (ce qui
contribuera d’ailleurs à le démocratiser en offrant des tarifs intermédiaires). Elles termineront leurs carrières à la fin des années 80 et certaines seront transformées et modernisées pour entamer une
seconde vie.
VB a peut-être dans l’idée de conquérir une clientèle à l’international avec cette voiture lorsqu’elle apparait sur le marché en février 1961. Mais la concurrence sera rude car ce modèle a déjà été
commercialisé par la firme Pocher en 1958 (version raccourcie) et le sera ensuite par Rivarossi, toutes deux des firmes Italiennes. La voiture lit type P de VB est de construction classique avec une caisse
en plastique sur un châssis en tôle. Mais pour la première fois, les flancs de bogies de type Suisse SIG eux aussi en plastique injecté, un pas de plus est franchi vers l’industrialisation, sous la houlette de
Triang. Les inscriptions sont réduites aux décalcomanies posées aux extrémités et sous la ligne de toit, fort belles au demeurant, mais fragiles. Pour la première fois également, le toit est patiné avec de la
peinture grise de fort bel effet. L’aménagement intérieur, si spécifique au type P, n’est cependant pas reproduit par VB. Ce modèle très réussi marque le chant du cygne de VB car il sera le dernier
commercialisé en 1961. Très réaliste, il aura une belle carrière chez les modélistes et sera à nouveau commercialisé par Daniel Lejeune jusqu’au début des années 70. Il pourra ainsi, avec les voitures lit
type LX, de France Train constituer le Train Bleu sur les réseaux amateurs.
Les deux faces différentes du fait de la disposition imbriquée des compartiments de la voiture lit type P. Les inscriptions sont entièrement réalisées sous forme de décalcomanies.
L’arrêt dans une petite gare comme celle de Chaudes Aigues d’une rame de voiture lit type P tractée par la 060 DB semble bien improbable en réalité, mais dans le monde du
modélisme, tout est possible.
La voiture lit type P sera un modèle prisé par les marques Italiennes Pocher et Rivarossi, ce qui portera concurrence au modèle VB. Ici elle est la vedette de la couverture du
catalogue Pocher de 1958 au travers d’une très belle gravure.
Les voitures lits sont ici accompagnées du fourgon de la CIWL de marque Pocher ce qui permet de compléter la composition de la rame. Au dépôt, une cavalerie de 060DB attend
de prendre du service.
Photo publicitaire à l’ambiance très moderniste d’une scène d’adieu mettant bien en valeur la froideur de l’acier inoxydable. La charmante dame semble partagée entre le confort
de la voiture et le charme de son partenaire !
Autre scène de départ, dans un monde en réduction cette fois avec une intense activité en gare autour de la préparation d’un train de nuit composé de voitures type P alors que le
Mistral passe.
Avec le wagon porte voiture chargé de Micro-Norev et la voiture lit type P, la gamme VB de 1960 offre la possibilité à l’amateur de composer des rames TAC (Train Auto
Couchette) comme certains trains qui desservaient le sud de la France au temps où les autoroutes n’existaient pas.
A gauche, une publicité du magasin « La maison des trains » en page arrière du Loco Revue N°204 de février 1961 présentant les nouvelles voitures lits type P. Elle y est vendue
l’équivalent de 25 de nos euros 2015. A droite, la couverture de la Vie du Rail N° 785 du 19 février 1961 traitant du fameux train bleu composé à l’époque d’un mélange entre les anciennes mais
prestigieuses voitures lit type LX célèbres pour leurs marqueteries et la moderne voiture lit type P.
Le modèle VB pourra être associé à la fin des années 60 aux modèles France Trains (voiture restaurant et lit LX) pour former le train bleu. Les amateurs pourront y mettre en
tête la 241P de Jouef.
L’ensemble des voitures est présenté dans les pages du catalogue Triang-VB de 1961 avec les deux versions des inox DEV, avec ou sans plaques Mistral.
Les voitures VB complètent bien la série très fournie des voitures en tôle des marques PMP ou Rateau, notamment pour reproduire la composition exacte du Mistral, ici en traction
vapeur avec une 231 H de Antal glissant sur les grandes courbes de la voie VB.
Contrairement à Rateau et PMP, VB n’a jamais produit de voitures vertes, couleur pourtant omniprésente à cette époque à la SNCF. Sans doute était-ce une volonté de
modernisme.
On peut toujours imaginer ce qu’aurait pu être le développement de la gamme VB dans les années 60/70 si elle n’avait pas disparu, avec des voitures modernes, comme celles du
Capitole par exemple.
Dernier regard sur la rame vedette de VB, le Mistral en pleine course vers le sud de la France
Et sur les très modernes voitures lit type P.