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VB la Grande Marque des petits trains

Les locomotives: un niveau de qualité internationale

Il n’existera que trois types de locomotives mais elles seront toutes fidèles à l’échelle HO et dotées d’une mécanique fiable.

Une production de matériel moteur tardive

Dans le Loco Revue de décembre 1949, publicité de Fulgurex, exportateur des marques VB et Antal.

La société VB a créé tardivement ses propres engins moteurs. Dans les années 40, la pénurie étant encore très présente, pas question de se faire concurrence, mais plutôt de s’associer. Ainsi en 1948, VB expose sur un stand commun avec Miniatrain. La locomotive vapeur 141 P et les électriques 2C2 de ce constructeur tractent les longues rames marchandises de VB sur la nouvelle voie trois. Et puis les constructeurs de matériel moteur à l’échelle HO sont relativement nombreux au début des années 50 avec TAB, PMP, Antal et même JEP qui opère sa reconversion à cette échelle en 1949, avec sa très belle 232R. A l’exportation, la société Fulgurex, basée en Suisse et qui deviendra célèbre par la suite pour ses modèles haute fidélité en laiton, exportait conjointement les marques VB et VA (Vuillaume- Antal). C’était une belle complémentarité des sigles, mais également des gammes. Antal, marque créée en 1943 par Monsieur Antoine Alaverdhi proposant des voitures voyageurs et surtout une très belle vapeur 231 G qui sera le premier modèle de locomotive française de grande diffusion et qui fera carrière durant plusieurs décennies. En démarrant la fabrication de locomotives en 1955, VB entre aussi dans le monde de la production industrielle pour son matériel roulant. Une nouvelle ère s’engage pour le constructeur.
En plus d’une technique très en avance pour son époque, les locomotives VB se caractérisent par un réalisme poussé, dû non pas tellement à leur niveau de détails, mais principalement à leurs proportions justes et à une décoration reproduisant les couleurs exactes. Le matériel moteur sera produit en version trois rails ainsi qu’en version deux rails avec essieux isolés. Il n’y aura que quatre engins moteurs conçus par VB : les électriques BB 9001 et 9211, le diesel CC 060 DB 7 et la rame automotrice inox de banlieue type Z 5100. A leur disparition au tout début des années 60, ces modèles sont très recherchés par les modélistes et certaines pièces atteignent alors des côtes spectaculaires sur le marché de l’occasion, pour retomber ensuite, lorsque leur niveau de réalisme ne sera plus en rapport avec les productions commerciales contemporaines.

La 232 R de JEP est de loin le modèle le plus courant de locomotive française à l’échelle HO au début des années 50. Locomotive de vitesse pour trains de voyageur, elle est mal adaptée à la traction de la gamme des wagons de marchandises VB.

En l’absence de matériel traction VB, les amateurs devront assurer le service avec des locomotives de diverses marques comme ici le diesel Allard ou la célèbre 231 H Antal.


Sur le catalogue Cropsy, les deux types de remises sont desservies par un faisceau en voie VB, mais les locomotives sont des pacific Antal.

Reconstitution en 2016 avec des locomotives vapeur, TAB et Antal.

Antal, marque créée en 1943 par Monsieur Antoine Alaverdhi proposait une très belle vapeur 231 G qui sera le premier modèle de locomotive française de grande diffusion et qui fera carrière durant plusieurs décennies.

Tout commence par la BB 9001en 1955

C’est en octobre 1955 que VB se lance avec une reproduction d’un premier engin moteur : la BB 9001. Elle possèdera d’emblée tous les attributs d’un modèle de fabrication industrielle de grande qualité. VB opte pour le modernisme, mais le choix de ce premier modèle n’est sans doute pas le plus judicieux à une époque où l’on ne parle que des BB 9004 ou CC 7100 du record du monde de vitesse sur rail à 355 km/h. La BB 9001 fait partie des deux prototypes fonctionnant sous courant 1500 V continu commandés à la Suisse. Construites par Brown-Boveri pour la partie électrique et SLM Winterthur pour la partie mécanique, elles apparaissent sur le réseau SNCF en 1953 comme les premières représentantes de la famille des BB dite « Jacquemin » du fait de leurs bogies spécifiques à adhérence totale. Sa silhouette n’est donc pas universellement connue des amateurs, bien qu’elle soit affectée aux trains rapides sur la ligne de Paris à Lyon au début de sa carrière. Elle est néanmoins parfaitement reproduite par VB, munie d’une carrosserie et d’un châssis en zamak ce qui confère au modèle un poids non négligeable. Les cotes de l’échelle HO sont respectées. Le modèle est équipé d’un moteur 5 pôles à courant continu et à aimant permanent 20 V. L’amateur a le choix entre des versions à un ou deux moteurs. Les pantographes sont fonctionnels et un inverseur rail/pantographe permet le choix de l’alimentation. Un éclairage par ampoule agrémente le modèle. Cette locomotive pouvait être livrée en version 2 rails avec roues isolées. Les rambardes latérales et frontales sont rapportées. Les plaques d’immatriculation sont gravées en relief. L’ensemble constitue donc en 1955 un très beau modèle, au fonctionnement irréprochable. Elle est vendue en 1955 environs 7200 francs de l’époque, ce qui correspond à quelque 170 de nos Euros actuels. C’était donc un modèle destiné aux modélistes, bien en avance sur son temps et d’un niveau de qualité équivalent à ce que seront les productions haut de gamme allemandes qui envahiront le marché français au début des années 60.

Publicité parue dans le N° 145 de Loco Revue d’octobre 1955 qui présente la première locomotive produite par VB. Le prix est l’équivalent de 169 Euros actuel. Raisonnable !

Avec la BB 9001, VB possède enfin un engin moteur à la hauteur de son matériel roulant comme TAB ou PMP. Elle peut utiliser la caténaire 1500V de la marque pour s’alimenter.

Deux BB 9001 VB dont un super-détaillé à l’avant-plan. Ce modèle a, durant une longue période, servi d’emblème à la marque, illustrant de sa silhouette les coffrets de départ ou la couverture des catalogues.

Une batterie de BB 9001 dans le magasin d’usine, prêtes à partir aux quatre coins de la France.





Cette magnifique couverture du numéro spécial Noël de décembre 1956 de la Vie du Rail met en scène la comédienne Dany Robin, très célèbre à l’époque, qui pose entre un réseau miniature et un arbre de Noël. Le réseau a spécialement été monté sur une plaque de verre pour ce cliché. On y retrouve la BB 9001, incontournable à l’époque, en compagnie de la Pacific Antal, un autorail Picasso en bronze, des wagons marchandises VB et des voitures PLM SMCF. Le tout monté sur les meilleures voies nationales de l’époque ; les voie VB et Tourelle (Sur traverses bois véritable).

Cette publicité pour le revendeur RMA parue dans le magazine « La mécanique populaire » avant Noël 1956 met en avant les motrices VB BB 9001 et leur concepteur, Monsieur Robin, père de l’actrice -célèbre à cette époque- Dany Robin qui pose ici avec son époux Georges Marchal. Toute une époque où le train miniature côtoyait les célébrités..



Une BB 9001, transformée pour une alimentation en 3 rails courant alternatif, tracte une rame marchandises VB.

Un coffret de départ type A comprenant la BB 9001. Notez la fixation des composants du coffret avec des ficelles

VB colle à l’actualité avec la BB 9211

La BB 9211 apporte une touche de modernisme sur les réseaux amateurs et remplace avantageusement les anciennes vapeurs comme la 231 H d’Antal.

A pleine vitesse le Mistral traverse le passage à niveau Disque Rouge

La BB 9211, nouveauté 1957 sur sa boîte d’origine et à côté de la notice qui fait aussi office de bon de garantie.

Le deuxième engin moteur sera la BB 9211 sortie en 1957. C’est la reproduction d’une série de 92 machines construites par la Société des Forges et Ateliers du Creusot (SFAC) pour les besoins de l’électrification Lyon Méditerranée en courant continu 1500V. Ce type de locomotive est livré à la SNCF à partir de 1957. Compte tenu des temps nécessaires à la réalisation des outillages, VB colle donc de très près à l’actualité. Comme la BB 9001, elle possède une carrosserie en zamac, elle peut être livrée avec un ou deux boggies moteur en 2 ou 3 rails courant continu. Les pantographes sont fonctionnels avec un inverseur rail/caténaire. A noter une particularité des modèles VB électriques, la ligne de toiture assure réellement l’alimentation en courant via des isolateurs fonctionnels, mais un peu grossiers. La locomotive possède un éclairage, mais pas de conduits de lumière, ce qui le rend peu efficace. Les teintes d’origine sont très bien rendues avec les enjoliveurs de couleur aluminium.

La BB 9200 est très célèbre en cette fin des années 50 comme le montre ces couvertures de la Vie du Rail.

Le BB 9200 de VB s’apprête à prendre le relais d’une 231 G Antal pour la traction du célèbre drapeau Mistral. Les voitures inox et la BB 9200 sont deux nouveautés VB de l’année 1957.

La ligne dite Panoramique des BB Jacquemin fait l’unanimité chez les fabricants. VB fera des émules avec au premier plan Jouef en 1958 (version bimoteur), HOrnby-acHO en 1960 et Märklin en 1964 qui vont lui emboîter le pas.

L’automotrice Z5100 pour desservir la banlieue

L’automotrice « Budd » sort chez VB en 1958 avec sa remorque d’accompagnement. Les deux éléments de la rame reproduisent le type Z 5100 qui circulait sous caténaire 1500V continu. Livrées en 1953, elles étaient d’abord constituées de deux éléments, la motrice accompagnée de sa remorque d’extrémité comme reproduit par VB. En 1957, la capacité fût accrue en commandant des remorques centrales. Le nom « Budd » provient en réalité du procédé de soudage de l’acier inox, breveté par ce constructeur américain et importé en France lors de la construction de ces automotrices. Les carrosseries étaient réalisées en plastique injecté. Le bogie moteur reprend celui de la BB 9200. La décoration est sommaire. Les rambardes extérieures sont moulées, et le relief de la caisse au niveau des portes est réduit, pour pouvoir y placer la mécanique. Il n’y a aucune inscription sur les flancs et le blason avant n’est pas peint en jaune.


Chassé-croisé d’automotrices dans une petite gare de banlieue.

L’automotrice Z 5100 était aussi vendue en boite de construction avec sa remorque (au fond). La motrice était aussi livrable sans moteur sous la référence 520 b (à droite). La remorque centrale ne sera disponible que bien plus tard, fabriquée par Daniel Lejeune en assemblant deux tronçons de remorque d’extrémité.

Les automotrices Z 5100 dans la banlieue d’une grande ville où elles côtoient des rues animées. La décoration est austère et ne comporte aucune inscription ni rambarde rapportée.

Les automotrices Z 5100 déversent leurs flots de passagers MDM pressés de rentrer chez eux le soir vu ici coté rail.

Et coté rue.

La CC 060 DB aura affaire à forte concurrence

Début 1960, quatrième acte pour ce qui concerne le matériel moteur chez VB avec la locomotive diesel 060 DB (future CC 6500). Ce sera le seul engin avec lequel VB fera une infidélité à la traction électrique. Elle reproduit une série de 20 engins construits par Alstom à Belfort et mis en service à partir de 1957. Première véritable locomotive diesel de ligne affectée au trafic voyageur elle était surnommée le « Sous-Marin » par les cheminots à cause de son loock original dû au styliste Paul Arzens. Les 060 DB furent affectées à l’Ouest, au dépôt de La Rochelle et pour certaines d’entre elles à l’est, au dépôt de l’Ile Napoléon près de Mulhouse, pour desservir la Suisse et Bâle. Pour cette ultime locomotive produite par VB, la carrosserie est maintenant réalisée en matière plastique, témoignage de la volonté de la marque d’adopter des techniques d’avant-garde pour l’époque et de rester dans la course industrielle, face à la concurrence française ou allemande. Le prix est en baisse par rapport aux modèles précédents, avec une offre à 75 nouveaux francs, l’équivalent de 112 Euros actuels. Le modèle VB de la 060 DB était très réaliste, à l’échelle exacte et fonctionnait parfaitement. Il a tout de suite eu à faire face à la concurrence de la reproduction de la même machine par HOrnby-acHO à partir de 1961, sans compter le modèle sorti par JEP, un peu moins réussi. C’était pour l’époque de regrettables doublons qui n’arrangeaient sans doute pas les affaires de VB, chaque marque voulant reproduire le modèle le plus moderne de la SNCF, avec son allure américaine.


Le modèle VB de la 060 DB (à droite) a tout de suite eu à faire face à la concurrence avec la reproduction de HOrnby-acHO à partir de 1961, à gauche, et qui servait à illustrer le coffret « le Vendéen » au fond.

L’époque des années 50/60 est idéale pour faire cohabiter les trois modes de traction : vapeur, diesel et électrique.

La CC 060 DB manœuvre sur le pont tournant du dépôt devant le train désherbeur VB stationné sur une voie de débord.

Très à la mode, la 060 DB est aussi une des vedettes du très beau catalogue VB/Triang de 1961.

Une débauche de 060 DB occupe la gare pourtant électrifiée. Celle du fond a eu sa décoration refaite.

C’est sans aucun doute la CC 060DB de VB qui sert de modèle à cette très belle illustration du catalogue 1960 du magasin parisien de modèles réduits « Au Pélican » implanté aux 43-45 passage du Havre.

Un « sous-marin » comme le surnommait les cheminots, qui traverse la campagne. Le Primagaz, lui voyage en wagon VB ou en camion Micronorev.

Le catalogue VB 1960 présente la motrice diesel CC 060 DB sortie cette même année.

Après avoir décroché sa rame inox, la 060 DB va se garer dans le tiroir de manœuvre à l’extrémité de la gare.

Un dépôt reconverti au diesel garni de nombreuses CC 060 DB, une seule vapeur 050 TQ TAB subsiste.

Illustré ici dans le catalogue Triang-VB de 1961, la gamme est maintenant complète avec en plus une vapeur 131 TB. Cette intruse est d’origine anglaise Triang. Sur cette illustration, c’est tout bonnement un modèle HOrnby-acHO qui est repris avec ses défauts et notamment les énormes phares avant de la première version.

Daniel Lejeune offre une seconde vie à VB

Lors de l’arrêt de la production par Triang, Daniel Lejeune, un photographe professionnel, saisit l’occasion de racheter le stock de pièces détachées, l’outillage et les moules de VB. Progressivement, il se familiarise avec ce matériel complètement nouveau pour lui en le réparant, le complétant et en lançant son petit atelier. Au début des années 60, il assure le service après vente des modèles VB. Puis, le photographe amateur de beaux modèles entreprend la re-fabrication de plusieurs références à partir de 1965 dont les BB 9001, 9200 et la rame Budd. Certaines améliorations techniques sont apportées avec notamment un éclairage blanc et rouge, réversible en fonction du sens de marche. Il y aura même des modèles spécifiques comme la BB 9200 en décoration Capitole et la voiture intermédiaire pour la rame Budd, que VB n’avait jamais mis en production (elle est en fait construite autour de deux remorques d’extrémité tronçonnées). Les voitures inox, la voiture-lit, le fourgon Mistral sont aussi remis en vente. Des pièces sont vendues au détail, permettant aux amateurs d’entretenir leurs modèles. Certaines sont spécifiques comme des plaques Mistral ou Capitole pour décorer la face avant des BB 9200. Les wagons de marchandise de la gamme industrielle sont également remis en fabrication à la fin de l’année 1969 avec les couverts à essieux ou à boggies, les tombereaux, les citernes à boggies en décorations Esso et Antar, les plats et tombereaux à essieux ainsi que le fourgon de queue. Les carrosseries étaient maintenant en plastique, avec des immatriculations soit à la SNCF, soit aux anciennes compagnies ; Nord, Etat, Est ou PLM. Des décorations spécifiques apparaissent comme le couvert à boggie aux couleurs jaune et noir de la rame Electro Entreprise ainsi que d’autres types de wagons pour compléter cette rame. Par ailleurs, entre 1969 et 1970, Daniel Lejeune était à l’origine d’une rubrique intitulée « Catalogue des modèles réduits ferroviaires français à l’échelle HO » qui paraissait régulièrement dans Loco Revue sous forme d’encart et qui retraçait l’histoire de marques comme VB bien sûr, mais aussi PMP, SMCF, Rossi, Rateau et bien d’autres encore. Pour des raisons de santé, Daniel Lejeune doit abandonner la production au cours de l’année 1970. Que sont devenus ensuite les moules ? Nombreuses sont les rumeurs qui circulent, ce qui exprime sans doute la fascination et le mythe exercé par la marque dans l’esprit des amateurs.

L’automotrice Budd dans le RMF N° 34 de janvier 1965, avec en plus, une remorque intermédiaire inédite.

La BB 9200 en décoration rouge et blanche et avec sa plaque capitole annoncée dans Loco Revue de janvier 1968 au prix de 350 F soit tout de même environs 395 de nos Euros actuels. Du haut de gamme pour l’époque.

Une publicité dans Loco Revue de 1964 pour le service réparation VB assuré par D. Lejeune